Nous sommes pour nous-mêmes des inconnus, pour la bonne raison que nous ne nous sommes jamais cherchés... Quelle chance avions-nous de nous trouver quelques jours ? On a dit à juste titre : « Où est ton trésor, là aussi est ton coeur » ; notre trésor est là où sont les ruches de notre savoir. Abeilles-nées, toujours en quête, collecteurs du miel de l'esprit, une seule chose nous tient réellement à coeur - « ramener quelque chose à la maison. » Pour le reste, quant à la vie, aux prétendues « expériences vécues », lequel d'entre nous les prend seulement au sérieux ? Lequel en a le temps ? Ainsi arrive-t-il que nous nous frottions les oreilles après coup en nous demandant, tout étonné, « Qu'est-ce donc que nous avons au juste vécu ? », ou même « Qui sommes-nous au juste ? » et nous essayons alors de faire les comptes de notre expérience, de notre vie, de notre être - hélas ! Sans trouver de résultat juste... Nous restons nécessairement étrangers à nous-mêmes. Nous ne nous comprenons pas. À notre égard, nous ne sommes pas des chercheurs de connaissance.
Généalogie de la morale (Préface) de Nietzsche
Je suis sortie carrément sonnée de l’extraordinaire film d’ Arnaud Depleschin, Un Conte de Noël, qui est sorti hier à Londres, en me répétant comme un mantra la dernière phrase de ce passage cité dans le film. En sortant de la salle où nous n’étions qu’une poignée – et je sens que cela va devenir une de mes nouvelles habitudes, d’aller le vendredi après-midi dans ce cinéma-là – quelqu’un a dit dans un souffle, en résumant la situation : « it’s a work of art ». Dans un souffle, car pendant près de 3h nous sommes emportés dans un tel tourbillon, si riche, si profond, qu’il est difficile de toucher terre ensuite et de se retrouver dans la nuit humide londonienne, de s’emmitoufler et de toucher dans la poche de son manteau sa liste de commissions! Il faut se forcer à ne pas rebrousser chemin et à acheter un autre billet pour se replonger illico dans ce film génial.
Il y a dans ce film des scènes éblouissantes, que je n’oublierais jamais je crois. Ce que j’ai le plus aimé – comme dans le film L’Heure d’été d’Assayas – c’est la maison de Roubaix, toute en longueur – j’ai passé, enfant, quelques étés à Lille-Roubaix-Tourcoing... - et son bric-à-brac (que j’aurais envie de détailler, objet par objet); cette famille nombreuse, « tuyau-de-poêle » où chacun a une individualité (j’aurais tellement aimé avoir pleins de frères et de soeurs); les références aux marionnettes; au cinéma, à la télévision, comme des fenêtres ouvertes, ou des couloirs, des embranchements sur autre chose de plus en plus profond et complexe. Et je ne dis rien du choix musical...
J’avais l’impression d’être à un tournant de ma vie, comme si, en l’espace d’une journée, j’étais devenue une autre personne ou vraiment moi, d’être qui je voulais être depuis toujours, d’être en phase avec mon moi le plus profond. En contradiction avec Nietzsche, certes. Je pensais aussi que tout ce que j’avais fait dans la journée, je l’avais fait parce que j’en avais eu envie, tout simplement, en assumant mes choix à 100%. Et c’était bizarre, parce que cette phrase « parce que j’en ai eu envie » me semblait toute nouvelle, toute fraîche, inédite.
Cette journée où, en début d’après-midi, j’avais touché le fond de l’absurde (pour rester polie) – j’aurais d’ailleurs dû intituler mon billet d’hier : noyer le poison – s’est terminée sur des sommets d’intelligence et de finesse. Et j’ai doublé la mise en revoyant Le grondement de la montagne de Naruse, pour entendre de nouveau la dernière réplique qui s’appliquait si bien à mon état d’esprit. Mais au fait, qu’aurais-je pu attendre d’autre d’une journée où, dans le courrier, se trouvait un cadeau de Noël ou de Nouvel An si inespéré et si juste et qui m’a tant touchée ? Ma journée avait déjà commencé comme un conte de Noël... et je ne m’en étais pas aperçu... merci T. !
Il y a dans ce film des scènes éblouissantes, que je n’oublierais jamais je crois. Ce que j’ai le plus aimé – comme dans le film L’Heure d’été d’Assayas – c’est la maison de Roubaix, toute en longueur – j’ai passé, enfant, quelques étés à Lille-Roubaix-Tourcoing... - et son bric-à-brac (que j’aurais envie de détailler, objet par objet); cette famille nombreuse, « tuyau-de-poêle » où chacun a une individualité (j’aurais tellement aimé avoir pleins de frères et de soeurs); les références aux marionnettes; au cinéma, à la télévision, comme des fenêtres ouvertes, ou des couloirs, des embranchements sur autre chose de plus en plus profond et complexe. Et je ne dis rien du choix musical...
J’avais l’impression d’être à un tournant de ma vie, comme si, en l’espace d’une journée, j’étais devenue une autre personne ou vraiment moi, d’être qui je voulais être depuis toujours, d’être en phase avec mon moi le plus profond. En contradiction avec Nietzsche, certes. Je pensais aussi que tout ce que j’avais fait dans la journée, je l’avais fait parce que j’en avais eu envie, tout simplement, en assumant mes choix à 100%. Et c’était bizarre, parce que cette phrase « parce que j’en ai eu envie » me semblait toute nouvelle, toute fraîche, inédite.
Cette journée où, en début d’après-midi, j’avais touché le fond de l’absurde (pour rester polie) – j’aurais d’ailleurs dû intituler mon billet d’hier : noyer le poison – s’est terminée sur des sommets d’intelligence et de finesse. Et j’ai doublé la mise en revoyant Le grondement de la montagne de Naruse, pour entendre de nouveau la dernière réplique qui s’appliquait si bien à mon état d’esprit. Mais au fait, qu’aurais-je pu attendre d’autre d’une journée où, dans le courrier, se trouvait un cadeau de Noël ou de Nouvel An si inespéré et si juste et qui m’a tant touchée ? Ma journée avait déjà commencé comme un conte de Noël... et je ne m’en étais pas aperçu... merci T. !
3 commentaires:
Comme je n'avais qu'à cliquer sur son icône pour revoir le film illico... je l'ai fait ! Impossible de ne le voir qu'une fois !!!
As-tu les yeux secs?
Oui ! Mais uniquement parce que je ne sais plus pleurer.
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