Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
vendredi 31 octobre 2008
jeudi 30 octobre 2008
mercredi 29 octobre 2008
Emportée par la foule
mardi 28 octobre 2008
L’eau à la bouche
lundi 27 octobre 2008
Chantier à gorge déployée
Nos vies sont des chantiers permanents, il faut sans cesse se réinventer, s’améliorer, s’adapter au temps qui passe. Si je devais effectuer « One New Change » dans ma vie, quel serait-il ? J’ai bien cherché, mais je n’ai rien trouvé. A la place, j’ai pensé à la nouvelle d’Haruki Murakami intitulée « Le jour de ses 20 ans » dans laquelle un vieil homme, propriétaire d’un restaurant italien chic de Roppongi, propose à une jeune serveuse en guise d’anniversaire, d’exaucer un voeu, quel qu’il soit. Plusieurs années plus tard elle raconte cette aventure au narrateur :
« Dis-moi. Si tu avais été à ma place, quel aurait été ton voeu ? (...)
- Je ne sais pas. (...)
- Alors, tu n’as pas un seul voeu à formuler ?
- Non, pas un seul.
- C’est parce que tu l’as déjà réalisé.»
Je suis dans cet état d’esprit aujourd’hui parce qu’il fait beau, que j’ai une journée entière à moi dans mon cocon, que je vais préparer mon séjour à Kyoto, et que je suis à jour et même à l’avance dans mon travail !
dimanche 26 octobre 2008
Puisque c’était lui, puisque c’était moi
Tandis qu’en début d’après-midi je me débattais avec Robinson Crusoë, 23h sonnaient chez lui. Je le voyais arriver au cinéma Toho de Roppongi Hills pour la soirée spéciale Kiyoshi Kurosawa en présence du réalisateur qui discuterait de ses nouveaux projets. Jusqu’à 7h du matin, salle 7, il verrait l’histoire de Saburô Takada, un petit citadin qui échoue dans un village perdu et qu’on prend pour le génie du Vent. Puis l’histoire d’un inconnu (Tadanobu Asano) allant de ville en ville pour y disséminer l’amour, et celle de Miyashita qui veut se venger de la mort de sa fille, et puis encore celle de l’inspecteur de police Yabuike, qui après une prise d'otage ratée s’exile dans une forêt où se trouve un arbre maléfique.
Je pourrais m’affliger de ce décalage, mais au contraire je m’en félicite et je trouve que le monde est bien fait. Savoir qu’une autre vie est possible et que certains connaissent des moments et des expériences hors de ma portée dont une seule seconde me comblerait : c’est là que je puise toute mon énergie.
vendredi 24 octobre 2008
Dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde (Baudelaire)
jeudi 23 octobre 2008
« Daniel c’est le plus beau ! »
mercredi 22 octobre 2008
Mais où va-t-il chercher tout ça ?
En arrivant au cinéma, j’ai vu des barrières, un tapis rouge et j’ai imaginé monts et merveilles. Mais ils n’en ont cure de Kitano, à l’Odeon West End ! Malgré les envolées lyriques de leurs affiches , tout ce dispositif n’est là que pour les starlettes de la télé et les sempiternels people venus assister au film dans l’autre salle.
Achille et la tortue est génial (j’ai l’impression de me répéter, mais tous les films vus ces dernières semaines correspondent à mes goûts à 100%). Il s’agit en gros de la vie d’un peintre raté. J’ai hâte que le film sorte en DVD pour observer les détails de ces tableaux que Kitano a peints lui-même (on en voyait déjà des échantillons dans Hana-Bi) et qui sont beaux et si drôles ! Je rigole encore en pensant au peintre et à sa femme peignant des fresques à la Basquiat sur les rideaux de fer des magasins la nuit et se faisant prendre la main dans le sac. C’est plein de gags, mais aussi de moments très tendres et doux.
mardi 21 octobre 2008
Dans un fauteuil
Après une petite pause à observer la pluie tomber sur les pavés londoniens au chaud dans un café, je suis retournée à l’Odeon pour 24 City de Jia Zhangke. Juste avant il y avait Cry me a River, le court-métrage que j’avais vu à la Cité du Patrimoine et de l’Architecture à Paris, il y a un mois environ et dans lequel joue le beau Guo Xiaogong. Il aurait fallu le mettre dans son contexte, et surtout donner son titre... on entendait des murmures d’incompréhension dans la salle. 24 City est magnifique et émouvant, ne serait-ce que plastiquement (évidemment car le directeur de la photographie est Yu Likwai). Jia Zhangke semble parfois rendre hommage aux Frères Lumière en filmant longuement la sortie de l’usine 420.
lundi 20 octobre 2008
Histoire belge
Elle (d’une voix ingénue en montrant l’affiche de Burn After Reading de Joel et Ethan Coen) : C’est ce film qu’on va voir ?
Lui : Oui
Elle : Et ils sont Belges ?
Lui : Oui, ils sont Belges.
Elle: Et No country for old men que tu as acheté...
Lui (agacé) : Je ne l’ai pas acheté, je l’ai emprunté !
Elle : ...que tu as emprunté, c’est d’eux aussi?
Lui (professoral): Oui. Il y a les frères Dardennes qui sont américains et les frères Coen qui sont belges.
J’ai failli me retourner pour lui signaler son erreur, mais je ne l’ai pas fait. C’était d’abord plus amusant d’imaginer comment il allait ensuite justifier à sa copine le côté belge de ce film hilarant qui m’a fait pleurer de rire.
dimanche 19 octobre 2008
Les plages d’Agnès (C.)
Sur le Millenium Bridge, dont l’architecture reptilienne se reflètait sur l’eau grise, et au risque de le faire dangereusement vaciller, une foule se pressait vers l’expo Rothko ou continuait son chemin vers la promenade qui longe la Tamise. Ce pont me donne toujours la nostalgie du Rainbow Bridge à Tokyo.
Certains solitaires se promenaient sur la grève. Ils fouillaient parmi les cailloux et les débris que le fleuve avait rejetés. On se penchait pour les observer en y allant de nos commentaires perplexes ou amusés.
Au fur et à mesure que je marchais, je repensais aux belles plages marocaines ou espagnoles de mon enfance, et à celles futures de Kamakura et d'Enoshima.
Malheureusement on ne trouve ni sable blond ni parasols au pied du Waterloo Bridge, mais les cailloux et l'eau y dessinent parfois d’intéressants tableaux éphémères. On croirait voir le delta du Nil ou les lignes d’une main. Il suffit d'un peu d'imagination...
Agnès Varda, en arrivant sur la scène du NFT pour présenter son merveilleux film, a dit qu’elle se prenait pour un fantôme et que peut-être elle n’était pas là devant nous. En se basant sur cette photo – celle qu’il ne fallait pas rater ! - elle ne croyait pas si bien dire ! Elle ajoute même dans Les Plages d’Agnès qu’elle aime le flou et les reflets. Ça me met du baume au coeur.
Mais non, la photo ci-dessus n’est pas râtée, c’est seulement que je suis influencée par l’expo Rothko à la Tate Modern ! Le film est un autoportrait magnifique: tendre, inventif, fantasque... Il nous maintient sans cesse entre les rires et les larmes. L’installation aux miroirs sur la plage est géniale. C’est un film d’amour et Agnès V. sait bien aimer les gens qu’elle aime. Mais sur la scène elle semblait agacée, impatiente, un peu trop sèche. En écoutant d’une oreille distraite les questions alambiquées, elle songeait peut-être : « Mon film est si clair et léger, pourquoi dois-je m’en expliquer, il devrait suffire ! » En quittant la salle nous l’avons croisée. « Elle est minuscule » ai-je fait remarquer avant de m’apercevoir que nous avions la même taille...
Dehors le soir tombait. On venait d’entendre le prénom d’Agnès si souvent, prononcé avec tant de respect et d’amour, que cela avait déteint sur moi. Je découvrais ses sonorités et qu’il forçait ceux qui le prononçaient à une drôle de gymnastique.
J'aime les berges de la Tamise à la nuit tombée.
Mais j’aurais bien troqué ce panorama pour celui d’Odaiba et de la baie de Tokyo.
Le South Bank Centre en profite enfin pour cacher ses bâtiments déprimants et sévères. Dans le bus du retour j’ai repensé à la phrase de Jacques Demy dans le film : « Je veux faire des films calmes... des films sur le bonheur ». Comme celui de ma journée en quelque sorte!
samedi 18 octobre 2008
Rêvons, c’est l’heure (Paul Verlaine)
La moue de Virginia Woolf en dit long sur ce qu'elle pense de cette asperge disgracieuse.
Moi, j'aimerais que la BT Tower soit une fusée sur le point de décoller pour toujours vers le firmament « que l’astre irise ».
vendredi 17 octobre 2008
Tout est relatif
Quelques minutes plus tard, une nouvelle étudiante arrive et, comble de bonheur, elle est japonaise ! Je luis dis quelques mots de japonais, elle hésite à s’asseoir, et me demande : « c’est un cours de japonais ? » J’ai dit que non mais que je parlais japonais (sans rougir !) « Vous êtes japonaise ? » me demande-t-elle. A mon tour de rosir de plaisir... Si seulement !
jeudi 16 octobre 2008
Hamster jovial
mardi 14 octobre 2008
Paperasserie
lundi 13 octobre 2008
Dimanche en vase clos
J’ai regardé Un rêve algérien de Jean-Pierre LLedo. Y a-t-il quelque chose de plus émouvant que des retrouvailles quand les amis se sont perdus de vue depuis cinquante ans après avoir connu des moments terribles, combattu ensemble et été victimes des soubresauts de l’Histoire ? Vers la fin du film, Henri Alleg se rend à Oran. De la ville, la caméra filme surtout le port et la mer à perte de vue. Je me suis soudain dit que ce panorama grandiose, ma mère avait dû le contempler jeune fille. C’est peut-être de là que me vient mon amour immodéré pour cet élément.
dimanche 12 octobre 2008
Hier, dès l’aube...
Kyōto de Kawabata Yasunari
Pourtant, vidé de ses étudiants et de la majorité de ses profs, cet endroit est loin d’être lugubre. Déjà, tôt le samedi matin, l’ambiance du quartier – Oxford street, l’une des rues les plus commerçantes de Londres – est différente des autres jours: des familles, des amoureux, de jeunes fashionistas, déambulent en petites grappes rongeant leur frein devant les vitrines des magasins encore fermés. Les cafés sont remplis de ces badauds que la fièvre acheteuse n’a pas encore atteints. L’atmosphère est encore bonne enfant, et quand il fait aussi beau et aussi chaud qu’hier, c’est un lieu idyllique.
Plusieurs heures plus tard, il faisait toujours aussi beau et aussi chaud, mais les rues étaient bondées. Vite vite, grimpons dans un bus, retrouvons notre quartier qui lui, de toute la journée, n’a pas perdu son petit air d’Oxford street un samedi matin à 9h !
De loin, on a l’impression que les grues sont les ciseaux d’un coiffeur qui taillent en pointe le clocher de l’église.