mercredi 25 mars 2009

Incontournable

La baraque est tarabiscotée et biscornue. Tout nous indique qu’elle est à part : elle se trouve en haut d’une côte, au bout d’une ruelle sans issue, dans un quartier populaire de Tokyo. Elle est bordée par une voie ferrée. On n’aurait pas été surpris si le cinéaste avait ajouté un sinistre corbeau perché sur sa cheminée ! S’il ne s’agit pas d’un film d’épouvante, dont son réalisateur est l’un des maîtres, il raconte quand même l’histoire de fantômes, bien réels ceux-ci.
J’aime les premiers plans du film. La caméra se déplace sur la pointe des pieds à l’intérieur de la maison. L’espace est étroit, encombré, fragmenté : le coin repas, le coin cuisine, le coin salon. On doit s’y bousculer, jouer des coudes pour exister. Une main invisible feuillette des magazines jetés là sur une table basse. Les rideaux s’agitent comme si un maraudeur s’y cachait. Si l’on connaît son cinéma japonais sur le bout des doigts, on reconnaît immédiatement la signature de l’auteur de ces images.
Au moment où le vent s’engouffre plus fort dans la pièce, une femme s’avance et ferme brusquement la porte fenêtre coulissante. La pluie a laissé une flaque, qu’elle s’empresse d’éponger. On la sent comme prisonnière de cet espace étouffant qu’elle protège bec et ongles des agressions de l’extérieur, qu’elles soient climatiques ou économiques. Mais bientôt cette bulle illusoire va éclater.
Il s’agit de Tokyo Sonata, le réalisateur est Kiyoshi Kurosawa et le film sort aujourd’hui en France.

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