J’aime les premiers plans du film. La caméra se déplace sur la pointe des pieds à l’intérieur de la maison. L’espace est étroit, encombré, fragmenté : le coin repas, le coin cuisine, le coin salon. On doit s’y bousculer, jouer des coudes pour exister. Une main invisible feuillette des magazines jetés là sur une table basse. Les rideaux s’agitent comme si un maraudeur s’y cachait. Si l’on connaît son cinéma japonais sur le bout des doigts, on reconnaît immédiatement la signature de l’auteur de ces images.
Au moment où le vent s’engouffre plus fort dans la pièce, une femme s’avance et ferme brusquement la porte fenêtre coulissante. La pluie a laissé une flaque, qu’elle s’empresse d’éponger. On la sent comme prisonnière de cet espace étouffant qu’elle protège bec et ongles des agressions de l’extérieur, qu’elles soient climatiques ou économiques. Mais bientôt cette bulle illusoire va éclater.
Il s’agit de Tokyo Sonata, le réalisateur est Kiyoshi Kurosawa et le film sort aujourd’hui en France.
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