Mercredi soir j’aurais dû assister, à l’ICA, à une conférence de l’ethnologue Marc Augé, mais le pauvre était malade. C’est dommage parce que j’aurais bien aimé l’entendre disserter sur les non-lieux, ces « voies rapides, échangeurs, gares, aéroports... trains ou avions... grandes chaînes hôtelières aux chambres interchangeables... supermarchés... Tout le contraire d’un lieu au sens commun du terme. Seul, mais semblable aux autres, l’utilisateur du non-lieu entretient avec celui-ci une relation contractuelle symbolisée par le billet de train ou d’avion, la carte présentée au péage ou même au chariot poussé dans les travées d’une grande surface. Dans ces non-lieux, on ne conquiert son anonymat qu’en fournissant la preuve de son identité – passeport, carte de crédit, chèque ou tout autre permis qui en autorise l’accès. »
Ce sont peut-être des « non-lieux », mais j’aime les gares. J’aime surtout m’en échapper car ce que je préfère, au fond, ce sont les trains. Peut-être parce que j’aime le cinéma : traverser anonymement des étendues qui se déroulent, se dévident comme une pellicule sous mes yeux, c’est un peu la même chose !
Ce sont peut-être des « non-lieux », mais j’aime les gares. J’aime surtout m’en échapper car ce que je préfère, au fond, ce sont les trains. Peut-être parce que j’aime le cinéma : traverser anonymement des étendues qui se déroulent, se dévident comme une pellicule sous mes yeux, c’est un peu la même chose !
Il y a la gare du Nord, à Paris. J’y pense toujours à la Bête humaine de Zola : ...la gare, cette tranchée large trouant le quartier de l'Europe. A gauche, les marquises... ouvraient leurs porches géants, aux vitrages enfumés, celle des grandes lignes, immense... les trois doubles voies qui sortaient du pont, se ramifiaient, s'écartaient en un éventail dont les branches de métal, multipliées, innombrables, allaient se perdre sous les marquises.
Mais peut-être parlait-il de la gare Saint-Lazare ? Les trains ont bien changé depuis et les cheminots n’ont plus le visage barbouillé de suie comme Jean Gabin dans le film de Renoir !Il y a surtout la gare de Kyoto, dont l’architecte s’est amusé avec les structures et la charpente métalliques !J’ai noué une relation privilégiée - contractuelle uniquement comme dirait Marc Augé - avec le pauvre employé posté juste après les tourniquets d’accès au quai tant je lui ai demandé non chemin ! Ce jour-là j’étais à la fois triste en regardant le tableau d’affichage...Mais impatiente de monter à bord du Shinkansen avec son nez d’ornithorynque !
Que la neige de février dans le Kent et le Nord de la France me semble loin...Tandis que les alentours de Kyoto me semblent très proches, eux !Il faut du non-lieu, parce que les non-lieux sont les espaces où quelque chose peut surgir... Cela me plaisait d’évoquer les non-lieux pour des espaces un peu abstraits, non qualifiés, non décrits, ces décors où, comme dans le romans de chevalerie, le chevalier errant est là, et s’il est errant, c’est qu’il est seul, il n’y a pas de social, mais quelque chose peut surgir. On est toujours heureux que quelque chose puisse arriver. Il y a une poésie propre... A partir du moment où nous vivons à l’échelle de la planète à bien des égards, il est évident que les espaces de communication, de circulation et de consommation, occupent une place plus importante... Il n’y aurait plus de non-lieux, peut-être, le jour où il y aurait une société-humanité, une société planétaire, c’est-à-dire une société unique – est-ce que c’est souhaitable ? Je n’en sais rien. (Marc Augé, ici)
Que la neige de février dans le Kent et le Nord de la France me semble loin...Tandis que les alentours de Kyoto me semblent très proches, eux !Il faut du non-lieu, parce que les non-lieux sont les espaces où quelque chose peut surgir... Cela me plaisait d’évoquer les non-lieux pour des espaces un peu abstraits, non qualifiés, non décrits, ces décors où, comme dans le romans de chevalerie, le chevalier errant est là, et s’il est errant, c’est qu’il est seul, il n’y a pas de social, mais quelque chose peut surgir. On est toujours heureux que quelque chose puisse arriver. Il y a une poésie propre... A partir du moment où nous vivons à l’échelle de la planète à bien des égards, il est évident que les espaces de communication, de circulation et de consommation, occupent une place plus importante... Il n’y aurait plus de non-lieux, peut-être, le jour où il y aurait une société-humanité, une société planétaire, c’est-à-dire une société unique – est-ce que c’est souhaitable ? Je n’en sais rien. (Marc Augé, ici)
1 commentaire:
Je comprends. Moi aussi j'aime les trains, les gares, les halls de gare et même les buffets et les salles d'attente. Et même les rendez vous manqués.
J'ai quasiment appris à lire dans la Vie du rail et de mon lit cage j'entendais les trains qui entraient en gare d'Orléans.
J'aimerais pouvoir rejoindre Canala en train.
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