Pascal Bonafoux (ici)
Qu’est-ce qui fait que l’on aime tel peintre plutôt qu’un autre ou un tableau plutôt qu’un autre ? Au Louvre, à chaque fois que j’aimais un tableau (c’est-à-dire quand mon oeil – et tout mon être - devenait actif devant une oeuvre), c’était Titien qui l’avait peint. Ce n’est pas pour ses thèmes, car le Tintoret et Véronèse abordent les mêmes – ce qui est justement l’objet de l’exposition au Louvre en ce moment. C’est donc pour sa façon de les peindre. Je ne sais pas comment parler de sa peinture, et lire sur elle m’éloigne de ce qui me touche devant une oeuvre de ce peintre. Devant un tableau de Titien, je ne sais pas où poser mon regard, j’ai du mal à distinguer les contours, je vais d’une forme à l’autre, je tisse des liens entre elles, je plisse les yeux, je cherche je ne sais quoi, je me pose des questions, rien ne m’est donné. C’est une expérience globale qui ne dure que quelques secondes parfois. Quel est le « fil qui relie [ces] perles », ce « quelque chose comme une image complexe dans un tapis persan » dont parle Henry James dans son inquiétante nouvelle et qui s’adresse à moi ?
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