mercredi 21 octobre 2009

Inventaire-Invent/erre

En ce moment, tout me semble un peu irréel. J’essaye de mener de front une vie professionnelle (avec ses déplacements, ses horaires à respecter impérativement, etc.) sans trop bousculer les habitudes que j’ai prises depuis 5 mois, d’où les rêves bizarres de ces dernières semaines. Soit, je me suis donné les moyens de pouvoir combiner les deux, mais j’avais oublié une chose : travailler, même si on aime son métier, fatigue. C’est tout moi d’oublier cette donnée dans l’équation... Mais le bon côté de ce surmenage, c’est cette impression d’avoir vraiment vécu à fond chaque minute, et surtout de ne plus voir instinctivement que les bons côtés de la vie. La semaine dernière de petites choses ont vraiment égayé mes journées : en passant près du Modern Snack Bar vers King’s Cross, j’ai surpris le salut chaleureux entre un marmiton et un balayeur de rue. Il était vraiment tôt le matin. L’un lisait le journal dans son café et l’autre passait devant. Ils se sont fait de grands signes et de grands sourires et ça m'a fait du bien de penser que cette jolie scène devait se répéter tous les jours ; une autre fois, un homme est monté dans le bus et il portait le même manteau que Franz Kafka, celui avec les grandes poches qui permettaient de cacher les longues mains qu’il n’aimait pas trop.Il y a eu aussi cette femme, plantée devant un tableau de Turner, claironnant qu'il était très inhabituel pour le peintre. A ces mots on marqua un temps d’arrêt pour mieux le regarder. Cette Madame Je-sais-tout devant une autre oeuvre déclara : « He just can’t paint faces », ce qui veut dire « Quel nul ce Turner, vraiment les visages, c’était pas son fort ! » Que c’était bête!; et cette magnifique émission sur L’Enéide de Virgile, où l’on évoquait Carthage, Didon, Enée « le cruel Dardanien », la découverte de la statue du Laocoon au XVIe siècle qu’avait décrite Pline l’Ancien... Pendant la lecture très sensuelle, parfois fougueuse, des vers de Virgile, on entendait distinctement le cliquetis des perles du collier de la lectrice... Cette lecture opportune me permettra de mieux apprécier le lendemain un tableau de Turner intitulé « Enée et la Sybille ».Dans une ambassade étrangère l’employé était par chance originaire de la ville dont je porte le nom. Il m’a parlé de sa grand-mère. Et moi je contemplais ses yeux de braise. Et ce rendez-vous que je redoutais s’est changé en discussion très plaisante ; je vais pour acheter des billets de train et l’on m’annonce que mon parcours me permet de voyager en première classe pour bien moins cher qu’en seconde... je n’ai pas encore compris comment cela est possible... ; j’ai pu, après une longue réunion et juste avant un cours, me balader au British Museum et découvrir des choses que je n’avais pas encore vues malgré mes multiples visites... Je pourrais ainsi continuer longtemps à énumérer ces bons petits moments de la semaine dernière, qui me laissent croire que le bonheur engendre le bonheur.

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