Quand j’arrivai pour la première fois dans la chambre de Proust, qui était la pièce dont il ne quittait presque jamais, et alors il était là, dans cette pièce, tout seul, entouré de tous ses livres, d’un superbe piano et de meubles jolis. Marcel Proust vivait complètement allongé et travaillait toujours à son lit, avec une petite table de chevet chargée de ses notes et de ses livres et un petit plateau où je servais son petit déjeuner car il mangeait très peu et prenait très peu de choses dans la journée.
Céleste Albaret en 1949
(2000 ans d’Histoire, France Inter)
(2000 ans d’Histoire, France Inter)
Ce matin-là, dans un bus bondé, j’écoutais Céleste, la gouvernante de Proust. Je l’ai vue pénétrer dans sa chambre pour la première fois. J’ai superposé à son récit la photo de Proust sur laquelle son visage repose sur sa main, et je l’ai affublé d’une belle moustache bien lustrée. J’ai vu des livres posés en quinconce sur la table de chevet, avec des post-its anachroniques qui en dépassaient, près d’un verre d’eau fraîche parce que j’avais soif. J’ai pensé que j’aimerais essayer de rester une journée entière dans mon lit, juste pour voir. Je me suis dit que j’arriverais encore trop tôt à la fac et que j’allais pouvoir prendre mon petit-déjeuner avant mon cours. Le « et alors il était là » de Céleste ne m’a pas quitté de la journée et me donne encore des frissons.
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