...l’admirable féerie à laquelle quelques instants suffisent pour qu’apparaisse près de nous, invisible mais présent, l’être à qui nous voulions parler, et qui restant à sa table, dans la ville qu’il habite, sous un ciel différent du nôtre, par un temps qui n’est pas forcément le même, au milieu de circonstances et de préoccupations que nous ignorons et que cet être va nous dire, se trouve tout à coup transporté à des centaines de lieues (lui et toute l’ambiance où il reste plongé) près de notre oreille, au moment où notre caprice l’a ordonné. Et nous sommes comme le personnage du conte à qui une magicienne, sur le souhait qu’il en exprime, fait apparaître dans une clarté surnaturelle sa grand’mère ou sa fiancée, en train de feuilleter un livre, de verser des larmes, de cueillir des fleurs, tout près du spectateur et pourtant très loin, à l’endroit même où elle se trouve réellement. Nous n’avons, pour que ce miracle s’accomplisse, qu’à approcher nos lèvres de la planchette magique...
Marcel Proust
« Bonjour! » me dit, au saut du lit, une voix venue de Monte-Carlo. « Je suis sur le balcon, et tu sais ce que je vois ? La mer ! Elle est d’un bleu ! »
Et moi, machinalement, me sentant si proche de cette voix, je suis allée à ma fenêtre pour vérifier que l’on me disait vrai... Un peu comme si nous étions arrivés à Monte-Carlo de nuit, que nous venions de nous lever et de tirer les rideaux.
Je n’étais pas dans la pièce à côté, et ce n’est donc pas avec un regard marin à la Paul Valery que j'ai contemplé le spectacle de ma rue ce jour-là - béton, bitume et ciel gris souris. Nul rayons qu’émet l’azur lumineux et résistant des eaux pour éblouir ma vue...
Mais la magie de cette voix ensoleillée a fait que l'espace d'une demi-seconde j'ai anticipé la mer, la mer, toujours recommencée comme si on avait agité sous mes yeux un plan de Du côté de la côte d’Agnès Varda ou plutôt comme si un prince charmant, pour l’amour de moi, avait redessiné ma rue, avait détourné la Tamise, y avait déversé des litres de peinture bleue, juste pour me faire croire que j’étais à ses côtés.
Et moi, machinalement, me sentant si proche de cette voix, je suis allée à ma fenêtre pour vérifier que l’on me disait vrai... Un peu comme si nous étions arrivés à Monte-Carlo de nuit, que nous venions de nous lever et de tirer les rideaux.
Je n’étais pas dans la pièce à côté, et ce n’est donc pas avec un regard marin à la Paul Valery que j'ai contemplé le spectacle de ma rue ce jour-là - béton, bitume et ciel gris souris. Nul rayons qu’émet l’azur lumineux et résistant des eaux pour éblouir ma vue...
Mais la magie de cette voix ensoleillée a fait que l'espace d'une demi-seconde j'ai anticipé la mer, la mer, toujours recommencée comme si on avait agité sous mes yeux un plan de Du côté de la côte d’Agnès Varda ou plutôt comme si un prince charmant, pour l’amour de moi, avait redessiné ma rue, avait détourné la Tamise, y avait déversé des litres de peinture bleue, juste pour me faire croire que j’étais à ses côtés.
2 commentaires:
L'imagination nous apporte des délices infinis ...
J'ai la mer dont tu parles en face, je la vois presque de mon bureau et pourtant je rêve de yuka sur les bords de la Kamo gawa!
Et moi de la Teramachi a Kyoto!
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