Hier soir nous rencontrions nos premiers étudiants et ça m’a donné envie d’être à mercredi prochain pour leur présenter le joli programme que je leur ai concocté avec amour cet été. Ils étaient autour de moi, je découvrais leurs visages souriants, je leur parlais grammaire et exercices de laboratoire avec un enthousiasme que je ne me soupçonnais plus. Quand soudain elle est venue vers moi, traînant derrière elle un vieux monsieur qui sucrait un peu les fraises. Et avec un sourire d’une perversité inouïe, elle m’a lancé : « Je te présente ton futur étudiant ». Et elle s’est éclipsée. Je l’ai vue se mettre dos à la fenêtre et pouffer. Quel bon tour elle m’avait joué ! Comme elle se réjouissait des problèmes que cet étudiant allait me poser ! Et là j’ai compris la bêtise de cette femme, son manque de coeur. Et c’est vraiment dommage aussi pour elle que de ne pas comprendre ce que cela signifie être prof. Comment peut-elle se moquer d’un étudiant au nez et à sa barbe. Comment peut-on trouver du plaisir en méprisant les gens qui sont en face de nous ? Ça me dépasse et me fait pitié. En sortant de la fac, satisfaite, j’ai pensé que j’étais sur la première marche d’un escalator qui m’amènerait en douceur à la passerelle de mon avion pour Tokyo et que tout irait bien jusque-là.
Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
mardi 30 septembre 2008
Bête et méchante
Hier soir nous rencontrions nos premiers étudiants et ça m’a donné envie d’être à mercredi prochain pour leur présenter le joli programme que je leur ai concocté avec amour cet été. Ils étaient autour de moi, je découvrais leurs visages souriants, je leur parlais grammaire et exercices de laboratoire avec un enthousiasme que je ne me soupçonnais plus. Quand soudain elle est venue vers moi, traînant derrière elle un vieux monsieur qui sucrait un peu les fraises. Et avec un sourire d’une perversité inouïe, elle m’a lancé : « Je te présente ton futur étudiant ». Et elle s’est éclipsée. Je l’ai vue se mettre dos à la fenêtre et pouffer. Quel bon tour elle m’avait joué ! Comme elle se réjouissait des problèmes que cet étudiant allait me poser ! Et là j’ai compris la bêtise de cette femme, son manque de coeur. Et c’est vraiment dommage aussi pour elle que de ne pas comprendre ce que cela signifie être prof. Comment peut-elle se moquer d’un étudiant au nez et à sa barbe. Comment peut-on trouver du plaisir en méprisant les gens qui sont en face de nous ? Ça me dépasse et me fait pitié. En sortant de la fac, satisfaite, j’ai pensé que j’étais sur la première marche d’un escalator qui m’amènerait en douceur à la passerelle de mon avion pour Tokyo et que tout irait bien jusque-là.
lundi 29 septembre 2008
Zao Wou-Ki par François Cheng
dimanche 28 septembre 2008
Saint-Paul est selon mon cœur (Blaise Cendrars)
Véronique Mortaigne, Le Monde, 03.02.06
Quand vous roulez en voiture dans la campagne européenne, vous pouvez très bien reconnaître les lieux que vous avez découverts dix ans plus tôt. Au Brésil, c'est presque toujours impossible. C'est un pays en mouvement, la dernière frontière de cette planète.
samedi 27 septembre 2008
Histoire belge
vendredi 26 septembre 2008
American Dream
Martine Laval, Télérama, 25 septembre 2008
T. était reparti à Memphis chez ses parents pour Thanksgiving. Il adorait l’automne dont il me vantait les couleurs dans le Mississippi. Cette fois-là, avec son père et son grand-père, il devait aller camper quelques jours à Great Falls, dans le Montana. J’avais acheté un guide et je les avais imaginés au bord d’un lac, devant un feu de camp, faisant griller d’énormes poissons, décapsulant une bière, ou préparant le café du matin. Le cinéma étant passé par là, dans cette vision idyllique, je rajouterais aujourd’hui quelques animaux féroces dont un gros grizzli goulu !
Je ne me souviens plus de ce qu’il m’avait raconté à son retour, dans son accent à couper au couteau que quelques jours dans sa famille avait renforcé. Dans les premières semaines qui suivaient son retour, avant que Londres n’adoucisse ses borborygmes américains, je passais mon temps à lui faire répéter ses moindres phrases, sans que cela ne le gêne le moins du monde... Du moins, il n’en laissait rien paraître !
Sa rencontre a été si bénéfique à ma vie qu’aujourd’hui il m’apparaît en rêve quand je suis dans une phase de bonheur parfait et sans nuage. Alors j’espère continuer encore longtemps à rêver de lui.
Lorsque j'écris, les choses deviennent – redeviennent – réelles. Ecrire, c'est compenser une absence, c'est aussi un espace de liberté, imaginer des relations qui n'ont jamais existé. Les gens se parlent et ne s'entendent pas. Amants, parents, enfants, tous se loupent, irrémédiablement. La fiction apaise, mais ne donne pas de réponse : Pourquoi est-on aimé ? Pourquoi est-on abandonné ? Qu'est-ce que l'amour ? Qu'est-ce la fidélité ?
Richard Ford
jeudi 25 septembre 2008
Je rêve que tu rêves
Espèces d’espaces de Georges Perec
La pendule de la salle, c’est sûr, on n’aurait pas pu nous la voler tant elle m’hypnotisait. On avait pris soin d’empiler sur nos tables d’énormes dossiers à la couverture acidulée que la réunion consistait à survoler dans une ambiance hostile. On essayait de nous insuffler l’esprit d’équipe, mais cela était presque unanimement accueilli par des mines furibondes, des moues dubitatives, des haussements d’épaules, sans parler des longs regards entendus échangés entre mauvais coucheurs.
Je savais parfaitement où j’étais par rapport à lui à ce moment-là. Il marchait sur le quai de la station Nippori. Traînant sa valise, il se dirigeait machinalement vers la sortie Nord de la station, celle qui débouche près du cimetière de Yanaka dont il longeait maintenant les hauts murs sur sa gauche. Il dépassait ensuite le Hongyo-ji, sur sa droite, temple où l’on venait contempler la lune il y a quelques siècles, et où le poète Issa, qui y vécut, composa ce poème :
La lune brille
Je suis arrivé à Tokyo
J’ai été brusquement tirée de ma rêverie, l’abandonnant à regrets dans son vestibule. Plus tard je réaliserais que je n’avais pas tenu compte du décalage horaire, et qu’il devait dormir à poings fermés au moment où je songeais à lui. Peut-être nos rêves s’étaient-ils croisés dans la stratosphère, et que si je me sentais si heureuse et libre lors de cette réunion, c’était parce qu’il me rêvait ainsi, à des milliers de kilomètres de là.
mercredi 24 septembre 2008
黒沢 清
On pouvait lire la fatigue sur le visage de Kiyoshi Kurosawa lors d'une conférence de presse à San Sebastian, ce qui le rendait d’autant plus charmant. Il s’est passé quelque chose de rigolo ce jour-là. Les journalistes posaient leurs questions en espagnol. L’interprète traduisait en japonais – les 4 cinéastes japonais répondaient en japonais… tout allait comme sur des roulettes. Quand soudain une question a été posée en anglais ! Patratrac, la belle mécanique s’est emballée. L’organisateur de la rétrospective sur le film noir japonais a traduit la phrase anglaise en espagnol pour le traducteur, mais comme il n’avait pas bien compris la question, qu’il y avait un flottement embarassant, il a eu cette phrase que je trouve hilarante et qui est presque une petite victoire: "C'est que nous ne nous attendions pas à une question en anglais ». C’est quand même un festival international! Il a fallu trouver quelqu’un qui parle à la fois anglais et espagnol, pour que tout se remette en marche. Pendant ce temps, les yeux malicieux de Kiyoshi Kurosawa se plissaient de joie.
Le fait que je sois assurée depuis hier de voir les derniers films de Kitano, Jia ZhangKe et Varda au London Film festival dans une semaine est surement à l’origine de ce billet ! Comme le corbeau de la fable, je ne me sens plus de joie !
Le bonheur est en haut de l'escalier
lundi 22 septembre 2008
On ira, où tu voudras quand tu voudras...
Paris, un jour d'automne
dimanche 21 septembre 2008
Il automne à pas feutrés...
« Ce beau temps, lui dit son père, va bientôt passer : l’hiver s’achemine à grands pas vers nous pour rappeler l’automne.
- Ah ! (...) je voudrais bien qu’il restât en chemin, & que l’automne ne nous quittât jamais.
L’Ami des Enfants d’Arnaud Berquin (1782)
samedi 20 septembre 2008
Par le menu
Les tomates rouge vif et goûteuses des hors d’oeuvre
Les divers légumes de la soupe du dîner
Les haricots verts qui accompagnaient le rôti de veau
Les aubergines du savoureux poulet rôti
Toutes les salades vertes aux feuilles craquantes
Les noix et les figues dans le saladier sur la table
Jusqu’aux chèvres qui ont servi à faire le lait du fromage du même nom... tout venait du jardin derrière la maison.
Moi j’aurais planté en priorité l’arbre aux oeufs en gelée et celui aux babas au rhum et aux Polonaises. Dans mon jardin je récolterais des crèmes aux amandes ou à la châtaigne, de voluptueux fromages blancs, des délices de lait fondant à la noix de coco...
vendredi 19 septembre 2008
Il y a canard et canard
tour tour Tours
jeudi 18 septembre 2008
Retour au pays natal (mais pas vraiment)
La Voix dans « Petits contes de printemps » de Soseki
mercredi 17 septembre 2008
Voies et Voix
A Calais, un groupe de femmes monte dans le train (elles sont vendeuses dans une boutique et se rendent au séminaire Carroll à Paris). « Les gens ne sont pas à leur place ! » s’énerve l’une d’elles, dépitée : comme une volée de moineaux, ceux qui se sentent visés se lèvent.
A mon grand plaisir la rame se transforment en volière. Elles s’échangent des anecdotes sur leurs magasins respectifs. Leur quotidien m’enchante. Je suis tout ouïes : véritable bain de jouvence pour mes oreilles engourdies. Enfin ! du vrai français avec d’authentiques sujets de conversations français dedans, porté jusqu’à moi par des voix françaises musicales dont je capte toutes les subtilités... J’ai l’impression d’avoir été sourde jusque-là et que les gens que je croise, et à qui je chipe des bribes de conversations, s’expriment comme dans un film !
Un garçon à la voix douce, dans le train qui entre en gare de Tours et qui chuchote à son portable: « Il y a des choses qui ne se disent pas » et « ma tante et mes cousines disent que tu nous as zappés ».
Tous ces gens qui s’épanchent dans leur portable au sujet de leur travail... Toujours les mêmes préoccupations qui reviennent en boucle (inimitiés entre collègues, horaires abrutissants, réunions interminables, clients casse-pieds) : je me jure, à l’avenir, de bannir ces sujets de ma conversation - tout en sachant que c’est un voeux pieux.
Vue d’Indre-et-Loire, ma vie londonienne m’apparaît soudain bohême, une vie de cigale qui n'est pas ancrée dans la vie réelle. Etonnant comme je l’ai mise volontiers en sourdine pour pouvoir assumer les rôles de fille, de nièce, de cousine, de belle-fille, de soeur... Je m’oublie et tous les livres et les disques que j’achète c’est pour quelqu’un d’autre, pour ailleurs, pas pour ici : d'ailleurs je ne pourrai ouvrir l'un de ces livres qu’en repartant pour Londres.
Parfois, quand je me retrouve seule, ce qui a été très rare, mon coeur se serre, je me sens aux extrémités de mon être, presque au point de non retour... J’aperçois dans une librairie une affiche qui lance le concours de l’autoportrait. Peut-être c’est ma voix qui me représente le plus : une inconnue me dira que j’ai un accent anglais quand je parle français. Personne de ma famille ne m’en a fait encore la remarque.
Je préfère n'être personne que moi-même, jouer avec mon "soi" qu'avec mon "moi", pour reprendre la formule de Jouvet. Je ne m'intéresse qu'à une chose : exprimer de petites choses qui me touchent, et partager un moment de vie intense avec une équipe. Faire des rencontres humaines. Ce qui me plaît, c'est que la réussite d'un film soit celle d'une collectivité. Vivre l'instant. Trouver des frères et des soeurs de jeu. Le reste a peu d'intérêt. Il faut disparaître. Le rôle s'en va, comme une vieille peau, une mue. Je préfère laisser des traces que des preuves.
Florence Loiret-Caille, Le Monde, 17.09.08
mardi 16 septembre 2008
La force des choses
dimanche 14 septembre 2008
A Tours en France (2)
Brod n'avait pas tenu la promesse faite à Kafka de détruire l'ensemble de ses écrits. A sa mort, en 1968, il avait notamment légué à sa secrétaire, Esther Hoffe, une partie de ses archives. Esther Hoffe aujourd'hui morte, ce sont ses filles, Hava et Ruth, qui sont en possession de ces trésors - parmi lesquels, pense-t-on, le manuscrit de Préparatifs de noces à la campagne. Décideront-elles de les vendre ou d'en faire don, nul ne le sait. Nul ne sait d'ailleurs où elles ont stocké les précieux papiers. Les chercheurs sont sur les dents, les autorités israéliennes s'inquiètent à l'idée que ces manuscrits pourraient quitter le pays, et les médias sont sur la brèche. Mais les vieilles dames refusent obstinément toute interview. A 74 ans, Hava Hoffe, arrivée de Prague à l'âge de 10 ans, commente ironiquement : "Kafkaïen, non ?"
Quelle attitude stupide, ma bonne dame ! Elle me met hors de moi ! Le dernier Kafka que j’ai lu c’est la nouvelle Un médecin de campagne, car je pensais voir dans un cinéma de Ginza le dessin animé Kafka Inaka Isha de Koji Yamamura, tiré de cette nouvelle (ICI : j’aime la signature de Kafka et celle de Koji Yamamura) et ICI (la bande annonce). Malheureusement je n’ai pas pu.
vendredi 12 septembre 2008
A Tours en France (1)
mardi 9 septembre 2008
Pour vivre heureux...
Sheila et Ringo paraissaient au comble du bonheur. L’amour qu’ils ressentaient l’un pour l’autre illuminait leurs deux visages. Ils souriaient aux anges. La tête de Sheila reposait au creux de l’épaule de Ringo. Sa joue à lui caressait tendrement les cheveux de Sheila. Ils se tenaient par la main . Ils se baladaient en forêt. Le cliché semblait volé, comme si le photographe s’était caché derrière un arbre ou perché sur une branche tel un oiseau de proie. La légende de la photo disait : Pour vivre heureux vivons cachés !
Bien sûr j’y ai vraiment cru à l’époque que Sheila et Ringo avaient été surpris dans une promenade en amoureux par un photographe indélicat. Je n’ai pas compris que, loin de vouloir rester cachés, ils participaient, au contraire, à une campagne publicitaire pour leurs disques respectifs ! Surtout, je ne comprenais pas comment on pouvait être heureux en se cachant, car cela évoquait en moi la peur, la solitude, l’abandon et le rejet. C’est aujourd’hui que cette légende anodine et cliché prend tout son sens, et que me revient en mémoire cette photo du couple de chanteurs yéyé, qui s’était séparé dans les mois qui suivaient !
lundi 8 septembre 2008
La terre est bleue comme une orange
Le ciel est d’un bleu Majorelle mais nous sommes bien loin de Marrakech
Les nuages épars sont bleu Klein.
La mer onctueuse est d’un bleu saphir satiné : on a envie d’y plonger le bout des doigts, juste pour vérifier si la couleur de l’eau déteindrait sur eux.
Le bout de plage est bleu nuit et le croissant de lune, tout là-haut, derrière son halo de brume, est blanc.
Le soleil a laissé au fond du ciel, dans son sillage, une nuée rose qui s’évapore.
Cette photo est d’une beauté stupéfiante et je n’ose imaginer ce qu’on peut ressentir devant un tel spectacle, ou quand on découvre, après-coup, sur un bout de pellicule, que l’on a capturé une telle image.
Sinon j’ai réservé ce matin une chambre d’hôtel à Tokyo et une chambre d’hôtel à Kyoto. Je vois des étoiles...
dimanche 7 septembre 2008
Le temps qu'il fait: traduction (pour débutant)
depuis une semaine, ou bien deux
Le ciel est gris gris gris et gris
humide et sombre
noir et zébré d’éclairs dorés
Il fait frais et froid
Bourrique et chèvre
6h plus tard, patatrac : il ne marche plus du tout. Il se traîne comme une limace. Je l’imagine infesté de tous les virus de la création car il m’est devenu impossible de faire marcher l’anti-virus...
7h plus tard, après des manips désespérées, tout marche de nouveau et cela tient du miracle !
Je me remets au blog dès demain !
lundi 1 septembre 2008
Le mois le plus tendre
Tout arrive...
J’avais même perdu l’envie de me connecter...
J’ai enfin compris ce que Java script voulait dire...
Maintenant que je peux de nouveau me connecter, vais-je continuer à bloguer ?
Le bon roi François avait raison de dire « Souvent femme varie, fol qui s’y fit » !