lundi 29 septembre 2008

Zao Wou-Ki par François Cheng

À celui qui contemple l'œuvre de Zao Wou-Ki (ICI)

Entends-tu ce Souffle qui vient de loin, plus loin que tout horizon, plus loin que toute mémoire ?Ne l'entends-tu pas résonner Pourtant, basse continue, au plus intime de toi ? Le voilà qui se transmue devant toi En gestes inauguraux, en couleurs d'aurore en signes habitables, Pour te signifier que lui, le Souffle Qui nous habite tous se doit d'être sans cesse incarné. L'invisible ne se révèle que par le visible; L'infini ne rayonne qu'à travers la nécessaire finitude. Se déploie alors devant toi L'espace offert qui s'enivre de sa propre incantation.


Sous les nuages déchirés, les prairies fleuries boivent les rosées de tout leur soûl, Sans égard pour l'ombre de la mort qui plane. Les glaciers à précipices, eux, N'ont cure de l'abîme qui les attend. Tout tend vers l'élan, tout tend vers l'instant, tout s'essaye à l'espérance, Obscurs et éclats alternés, Murmures et clameurs emmêlés, La ronde des saisons reprendra le flambeau de la promesse initiale. Toi qui prêtes l'oreille et l'œil, laisse-toi entraîner par la superbe rythmique, Sur la voie qui mène à l'impondérable vie ouverte.

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