mercredi 24 septembre 2008

黒沢 清

Jamais je n'ai autant compris ce qu' Agnès Varda voulait dire quand elle parlait, en l’an 2000, à la sortie des Glaneurs et la glaneuse, des différents voyages qui sont à l'origine d'un film: celui que l'on fait lors de son tournage, au gré du hasard parfois ; les voyages pour accompagner et présenter le film fini, de festival en festival à travers le monde ; et puis celui que l’on fait vivre aux spectateurs. Un jour on se retrouve à Venise, puis on fait un petit tour à Toronto, la semaine suivante on parle du film noir japonais à San Sebastian en Espagne, et puis on nous attend à New York, puis Vancouver, et Tokyo. Je me plais à imaginer Jia Zhangke et Yu Lik wai dînant un soir avec Takeshi Kitano quelque part dans le monde, loin de chez eux, et voici qu’ils avisent Kiyoshi Kurosawa qui dîne en solitaire à une table: « Kurosawa-san venez vous asseoir avec nous ! Vous savez qu’il y a une fille qui porte le même prénom que Varda, et qui se pâme à longueur de billets sur nos doux minois ? » On peut rêver !
On pouvait lire la fatigue sur le visage de Kiyoshi Kurosawa lors d'une conférence de presse à San Sebastian, ce qui le rendait d’autant plus charmant. Il s’est passé quelque chose de rigolo ce jour-là. Les journalistes posaient leurs questions en espagnol. L’interprète traduisait en japonais – les 4 cinéastes japonais répondaient en japonais… tout allait comme sur des roulettes. Quand soudain une question a été posée en anglais ! Patratrac, la belle mécanique s’est emballée. L’organisateur de la rétrospective sur le film noir japonais a traduit la phrase anglaise en espagnol pour le traducteur, mais comme il n’avait pas bien compris la question, qu’il y avait un flottement embarassant, il a eu cette phrase que je trouve hilarante et qui est presque une petite victoire: "C'est que nous ne nous attendions pas à une question en anglais ». C’est quand même un festival international! Il a fallu trouver quelqu’un qui parle à la fois anglais et espagnol, pour que tout se remette en marche. Pendant ce temps, les yeux malicieux de Kiyoshi Kurosawa se plissaient de joie.
Le fait que je sois assurée depuis hier de voir les derniers films de Kitano, Jia ZhangKe et Varda au London Film festival dans une semaine est surement à l’origine de ce billet ! Comme le corbeau de la fable, je ne me sens plus de joie !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

alors n'oubliez pas la fin et la morale de l'histoire:
"il ouvre un large bec
et laisse tomber sa proie
flatteurs c'est pour vous que j'écris..."
et après j'ai oublié le texte exact (rires)