Il y a une pharmacie à Tours au coin de la rue qui mène à la gare. J’y passais à chacune de mes visites pour acheter des remontants. A force, le rituel de verser le contenu d’une petite ampoule le matin, pendant trois semaines, dans un verre d’eau – la plupart du temps il s’agissait d’une potion aux plantes très très amère - et de boire cet immonde élixir en pensant qu’il me donnerait des forces jusqu’aux prochaines vacances, avait fini par me plaire. En passant de nombreuses fois devant en fin de semaine dernière sans m’y arrêter, j’ai soudain réalisé que je n’avais plus besoin de pick-me-up imbuvables et que mes fortifiants, mes réconfortants, mes stimulants, mes tonifiants, sont tout naturels aujourd’hui: mes amis et mes violons d'Ingres !Je suis revenue de Tours remontée à bloc ! Toutes traces de fatigue ont disparu. Pourtant j’ai eu du retard à l’aller, et au retour j’ai poireauté plus de quatre heures dans la salle d’attente frigidaire de la gare de Lille Europe, j’ai pris je ne sais combien de trains et de navettes pour arriver à bon port, mais je n’ai jamais perdu mon flegme tout britannique d’adoption.Je me suis promenée partout, j’ai vu les expos et les films que je voulais voir, j’ai mangé comme une reine, dormi comme un loir...
L’endroit où je suis allée le plus c’était la grande librairie tout en haut de la Rue Nationale. Elle fourmillait de monde. J’ai écouté à la dérobée une libraire décrire l’intrigue d’un roman à une cliente, elle avait vraiment l’art de mettre l’eau à la bouche. Mais à chaque fois j’en sortais bredouille : comment tourner la tête vers un autre livre quand on a entre les mains le merveilleux Saturday de Ian McEwan ? C’est impossible ! Mais toujours, à chaque promenade, je ne pouvais m’empêcher d’aller rêver devant ces étagères de livres. Je me disais: « Ah, si je vivais à Tours ! Je verrais plus ma famille (c’est quand même un cocon), j’irais au cinéma tout le temps voir les films français dès leur sortie (nuls ou pas), j’achèterais ces volumineux grimoires sur l’art de l’enluminure intransportables dans mon petit sac de voyage, et chaque week-end je visiterais un château des alentours et je serais incollable sur son histoire... Et tous ces trucs appétissants au supermarché..., et ces gâteaux si crémeux dans les pâtisseries..., ces pains si croustillants... miam miam miam ! » Je me disais cela tout en sachant que si j’avais continué à vivre à Tours je ne me serais jamais extasiée comme je l’ai fait devant un oeuf en gelée à 2€50 (mon caviar) ! Cette fois-ci, j’étais aussi heureuse d’aller là-bas que de revenir ici. Je pensais à tous mes amis en Angleterre, à ma vie à Londres: c’est aussi un cocon. C’est vraiment la leçon que je retiendrais de cette escapade tourangelle !
2 commentaires:
Oh là,là! Quatre heures dans la salle d'attente, quel désastre!
Mais tu as mangé comme une Reine à Tours, ces bien alors!
Non, ce n'est pas un desastre, j'avais un tres bon livre et c'etait marrant d'entendre parler francais.
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