Quand nous avons parlé de Hogarth et de la façon dont il se moquait de la peinture française de son époque, j’ai soudain pensé à mes profs de Maîtrise à Tours. Nous travaillions sur Hogarth – je conserve précieusement le dossier que nous utilisions – et ils parlaient (le cours se faisait à trois) du peintre et de son autoportrait à la National Portrait Gallery qui jouxte la National Gallery. Personne parmi nous (nous étions 6 étudiants) ne connaissait ces endroits (aller à Londres à l’époque c’était la croix et la bannière et nous rêvions d’Amérique). Je me souviens d’une prof nous disant « Voyons, à gauche c’est la National Gallery! ». Je ne savais pas où c’était, je ne m’imaginais pas Londres, alors la gauche de ce mystérieux endroit... Et voilà, me suis-je dit, je suis à la National Gallery dans une aile qui n'existait pas du temps de mes profs, on me parle de Hogarth, dehors c’est Trafalgar square ensoleillé... J’ai eu l’impression que je n’assistais à ce cours que pour effacer ce petit commentaire de ma prof d’alors... Ça m’a fait quelque chose...
Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
mercredi 30 juin 2010
A contre-courant
Quand nous avons parlé de Hogarth et de la façon dont il se moquait de la peinture française de son époque, j’ai soudain pensé à mes profs de Maîtrise à Tours. Nous travaillions sur Hogarth – je conserve précieusement le dossier que nous utilisions – et ils parlaient (le cours se faisait à trois) du peintre et de son autoportrait à la National Portrait Gallery qui jouxte la National Gallery. Personne parmi nous (nous étions 6 étudiants) ne connaissait ces endroits (aller à Londres à l’époque c’était la croix et la bannière et nous rêvions d’Amérique). Je me souviens d’une prof nous disant « Voyons, à gauche c’est la National Gallery! ». Je ne savais pas où c’était, je ne m’imaginais pas Londres, alors la gauche de ce mystérieux endroit... Et voilà, me suis-je dit, je suis à la National Gallery dans une aile qui n'existait pas du temps de mes profs, on me parle de Hogarth, dehors c’est Trafalgar square ensoleillé... J’ai eu l’impression que je n’assistais à ce cours que pour effacer ce petit commentaire de ma prof d’alors... Ça m’a fait quelque chose...
mardi 29 juin 2010
Ah ! que c’est bon de rire!
Coq de roche il éclate aux montagnes Rocheuses
Ton cri de roc en roc
Eveillant dans leur couche humide les chercheuses,
Les chercheuses d’or, coq !
Jean Cocteau
Poèmes à apprendre par coeur (Anthologie, Folioplus Classiques)
J’aime la sensation d’avoir le coeur qui déborde pour une raison que je ne saisis pas toujours clairement, avec cette petite peur, si c’est en public, de ne pas pouvoir endiguer mes larmes. L’abandon, le relâchement, la perte de contrôle que permet une émotion. Hier j’ai eu un fou rire devant Whatever works de Woody Allen, et ce matin je me sens régénérée.
lundi 28 juin 2010
Les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte (Supervielle)
dimanche 27 juin 2010
Sans dessus dessous
Même si c’était parfois difficile de comprendre ce qui se tramait – il aurait fallu connaître l'histoire de la Péninsule sur le bout des doigts – on arrivait à saisir le foisonnement intellectuel de l’époque avec, par exemple, la diffusion des écrits des auteurs arabes, grecs et romains pour lesquels Cosimo dépensait des milliers de florins. Mais ce qui m’a le plus émerveillée – c’est le mot juste – c’est quand Alberti, dont le rêve est de redonner son prestige et sa beauté à une Rome « envahie par les chèvres et repère de brigands », descend dans un souterrain pour montrer, au futur pape Nicolas V, les ruines romaines et les trésors qu’elles recèlent. Combien j’aurais aimé assister aux fouilles de Rome! C’était amusant de se dire qu’à l’étage au dessus de ma caverne s’étalaient de nombreux objets et statues découverts à Rome à l’époque d’Alberti ainsi que des dessins de ses artistes les plus prestigieux...
Le musée fermait ses portes quand j’ai émergé des ténèbres à la lumière encore vive du jour finissant. Mais plongée dans le noir, j’avais vu mille fois mieux que les habitants de ce séjour pour avoir contemplé en vérité le beau, le juste et le bien. (Merci à Platon pour ses allégories !)
samedi 26 juin 2010
La table de travail enchantée
Si j’avais su, je l’aurais mise plus tôt dans ma chambre, cette petite table sixties désuète, plus table de camping que de cuisine. Mon bureau encombré n’est pas très pratique quand on aime comme moi s’étaler. « Je ne viens pas demain, je travaille chez moi ». Quand quelqu’un dit cela à la fac, on le regarde d’un air goguenard et les mauvaises langues s’en donnent à coeur joie. Mais moi je n’aime rien mieux que d’aller à ma table de travail... à un mètre de mon lit ! Cette table m’attire irrésistiblement, elle me donne encore plus envie de travailler, et tout m’est prétexte pour m’y asseoir. C’est une table qui me stabilise. Elle donne envie d’écrire et de prendre des notes. Pire, elle donne envie de corriger des copies !
vendredi 25 juin 2010
Un plat pays
Avant hier matin, je n’avais jamais eu la curiosité de regarder où se trouvait exactement le Nebraska sur la carte des Etats-Unis. J’ai appris qu’il était bordé à l’Ouest par le Wyoming, au nord par le Dakota du sud, à l’est par l’Iowa, au sud par le Kansas et le Colorado. Bref, il est un peu au centre des Etats-Unis. Etienne de Bourgmont, un explorateur français, lui a donné le nom de Nebraskier en 1714. La plus grande ville du Nebraska est Omaha et la capitale de l’état est Lincoln. Hier j’ai envoyé une lettre à Lincoln, la capitale du Nebraska. Un bouquin va sortir et j’ai écrit dedans. Il paraît que la maison d’édition n’est pas mal du tout, même si le Nebraska évoque plus des champs à perte de vue que la vie intellectuelle new-yorkaise ! Et même s’ils fabriquent ce bouquin dans une baraque en rondins sur une antique presse comme on en voit dans les westerns, avec un éditeur qui a une toque en castor sur la tête, qu’importe ! Je plaisante. S’il y a des Nébraskiens qui me lisent, qu’ils veuillent bien me pardonner. Maintenant je suis Wanted au Nebraska ! Où est l’album enchanteresque de Bruce, que je le ré-écoute sur le champ !?
jeudi 24 juin 2010
Je suis venu dans le monde comme un soleil neuf
Saisis fermement le noeud de ton être
Il est plus beau d’augmenter son propre éclat
Examine-toi toi-même
Crée un être vivant
Seul, un être ainsi vivant est digne de louanges
Sinon, le feu de l’existence ne serait que fumée
Mohammad Iqbal 1877-1938
Poète et philosophe pakistanais
Sans interférences ? Pourtant la radio est sans cesse allumée... on joue à saute-mouton, de l’aurore à la nuit profonde, avec toutes les radios possibles... on ne quitte pas l’Internet au cas où l’on voudrait se renseigner sur les sorties ciné de la semaine, commander sur un coup de tête Les vies et doctrines des philosophes de Diogène Laerce ou vérifier pour la énième fois si ses blogueuses préférées ont mis à jour leur site ...
Mais ce n’est pas la même chose, ces ondes-là je les accueille chez moi avec gratitude. Je peux alors imaginer vivre dans un coin reculé de la campagne, loin de tous ces « occupés » comme les appelait Sénèque, empêcheurs de tourner en rond.
J’adore les journées où je ne suis qu’à l’écoute, passées à lire et à écrire, où le seul son qui passe mes lèvres est celui du rire pour une blague entendue à la radio.
Et le soir, quand on s’écoute un peu soi-même, on s’aperçoit, après une telle journée, qu’on a attisé « le feu de notre existence ».
mercredi 23 juin 2010
L’aveu : J’ai très peur des fourmis, Sylvia !
mardi 22 juin 2010
Eschyle, à la rescousse!
lundi 21 juin 2010
Eres nube. Eres mar, eres olvido
una nube. Lo son las catedrales
de vasta piedra y bíblicos cristales
que el tiempo allanará. Lo es la Odisea.
que cambia como el mar. Algo hay destino
cada vez que la abrimos. El reflejo
de tu cara ya es otro en el espejo
y el día es un dudoso laberinto.
Somos los que se van. La numerosa
nube que se deshace en el poniente
es nuestra imagen. Incesantemente
la rosa se convierte en otra rosa.
Eres nube. Eres mar, eres olvido.
Eres tambien aquello que has perdido.
dimanche 20 juin 2010
الرحلة
samedi 19 juin 2010
Ein Zimmer in einem Traum
Whose wound was ever dressed, / bandaged in such fine linen?Reflected here, what skies / lie open and at ease
as in a lake within / these open roses / in which all softly rests
as if no accidental hand / could shake or make it spill?Unable to contain / the riches that are theirs
they pour out the excess / sharing their inwardness
to enrich the days; until / the whole of summer seems
one great room, a room within a dream.
Rainer Maria Rilke
Hier, un de mes étudiants, psychologue de son état, m’a dit une chose qui m’a plongée dans une très grande perplexité. Il m’a dit que cette heure passée avec moi était, dans sa semaine, le moment le plus dé-stressant qu’il connaissait. Il m’a expliqué pourquoi mais ma modestie m’empêche de le rapporter ici ! Un psy me disant que je lui enlève son stress... c’est le monde à l’envers... Alors, moi qui venais de vivre trois journées éprouvantes qui me plombent le moral, cette consultation gratuite a suffit à me faire retrouver une certaine sérénité.
Maintenant, que vienne l’été et sa chambre nichée dans un rêve!vendredi 18 juin 2010
Partir en carafe
jeudi 17 juin 2010
Celui qui l’aperçoit se réjouit
mercredi 16 juin 2010
mardi 15 juin 2010
Sur la route aiguisante du bonheur
lundi 14 juin 2010
Du pain et des jeux
dimanche 13 juin 2010
Au premier chef
Hélas pour moi, si le soleil ne m'est pas enivrant
Hélas pour nous, si nous ne saisissons pas la volupté du printemps
samedi 12 juin 2010
Soyons philosophe...
Je me demande bien ce que Nietzsche, Descartes ou Erasme – il y avait aussi sur les murs les portraits de Locke, de Hobbes, de Burke et de Kant – pensent de ça.A défaut de Volt-aire, c’est avec « R » que j’ai vire-volté dans le jardin des Philosophes à deux pas du centre du monde (je veux dire du British Museum, bien sûr).Un beau chat blanc nous y attendait, qui humait des pâquerettes. Indifférent et soyeux.Peu à peu la contrariété du matin – pourquoi est-ce toujours un email qui me les amène ? - s’est estompée. Je suis allée à ma réunion très adoucie. Je me suis offert de nouvelles boucles d’oreille et, alors que la journée était aussi grise que celle de la veille, le soleil est sorti et s’est mis à briller de tous ces feux quand je suis rentrée chez moi. Pour ajouter à mon bonheur, mon supermarché préféré importe de nouveaux les meilleurs yaourts du monde : les Perles de lait... Et j'avais du courrier! Nul besoin ce week-end de me plonger dans les oeuvres complètes de Friedrich ou de René : il suffit que j’ouvre les yeux et le coeur pour connaître la réponse à ma question du matin !