Enfant je tentais de l’apercevoir, en me retournant brusquement ou en me tortillant devant une glace... on m’avait dit que j’avais un ange gardien qui me suivait partout. Pourquoi pensais-je qu’il se tenait derrière moi et pas à mes côtés ou au-dessus de moi comme cet ange de Notre-Dame en équilibre ? Pourquoi ne me contentais-je pas d’y croire ? Aujourd’hui je pense que cet ange a pour nom le « bon sens » ou la « sagesse intérieure », mais, malheureusement, ils ne sont pas aussi constants chez moi que l’était sa présence protectrice.
J’ai appris récemment la signification du nom de la ville de Samarra en Irak. Au IXe siècle, le calife abbaside Al-Motasim avait appelé sa capitale : Sorra man ra’a (celui qui l’aperçoit se réjouit). J’aime le choix du verbe « apercevoir ». Peut-être nous ne nous rendons pas à Samarra, mais on voit de loin le dôme de la Mosquée d’Or, et ça nous suffit pour être heureux. Peut-être c’est notre destination, nous sommes fourbus, la fin du voyage approche, quand au détour du chemin on distingue enfin, au loin, quelques toits de la ville. Etait-ce une ville splendide comme Bagdad et se félicitait-on à l’avance des beautés sur lesquelles nos yeux se poseraient ?
Il y a une idée de mouvement dans le fait d'apercevoir, de révélation et de disparition soudaine. Quelqu’un passe près de nous, le temps de se retourner, il a disparu; ou bien c’est nous qui bougeons, et qu’une voiture emporte. Mais le souvenir de cette rencontre furtive continue encore longtemps de palpiter. Oui, décidemment, j’aime le verbe apercevoir.
2 commentaires:
Qu'il est doux d'avoir un ange!
Le mien a masqué son Aperçu, mais de temps à autre, je sens son souffle sur ma vie...
C'est joliment dit!
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