En 1951, en compagnie de sa femme et d’un couple d’amis, Jean Giono voyage à sauts de puce en Italie : « Je ne suis pas venu pour connaître l’Italie mais pour être heureux » prévient-il dans Voyage en Italie. Je dois avouer que sa quête de bonheur m’a un peu ennuyée. J’ai tout de même aimé sa visite de Vérone où il souhaite voir, au Castel Vecchio, la Madona del Roseto que Stephano da Verone a peinte en 1420 :
Elle est dans un jardin persan. On ne peut pas imaginer la richesse de ce petit jardin de curé dans lequel la Madone est assise. Il est étroit comme un sarcophage ; il est clos de murs où sont plaquées les arabesques d’un espalier et d’un lierre. Dans l’herbe du jardin de la Vierge, cinq ou six anges minuscules attendent on ne sait quoi, comme de petites musaraignes ; on les sent prêts à fuir au moindre geste. Le bébé que la Madone a sur les genoux est fort joli, gras à faire plaisir. Il a ce dont toutes les mères raffolent : des fossettes aux coudes et aux genoux. Au bas du tableau, une femme triste et qui ressemble trait pour trait à la Madone occupe ses mains vides avec une couronne d’immortelles.Si on m’avait demandé de dessiner le tableau d’après cette description, il n’aurait bien sûr pas ressemblé à l’original (ici)! Handicap supplémentaire : je ne sais pas du tout dessiner.
Mais qui peut affirmer qu’il a vu un tableau quand on le lui a décrit avec des mots ? se demande avec raison Jean Giono. Il ajoute, modeste, qu’il « ne sait pas disserter de peinture ». A Vérone il visite aussi la basilique Sainte-Anastasie pour voir Saint Georges et la Princesse, une fresque de Pisanello:
Voilà cet admirable front de Bretonne, ce nez de fer, ces lèvres où la sensualité est légèrement dédaigneuse, cette belle oreille, ce monstrueux chignon (...). C’est bien le teint d’une prisonnière qu’on délivre. De l’autre côté du cheval, à peine si la tête de saint Georges est plus rousse. Lui aussi n’a plus une goutte de sang dans les veines, malgré sa bouche de requin-marteau. (ici)
Elle est dans un jardin persan. On ne peut pas imaginer la richesse de ce petit jardin de curé dans lequel la Madone est assise. Il est étroit comme un sarcophage ; il est clos de murs où sont plaquées les arabesques d’un espalier et d’un lierre. Dans l’herbe du jardin de la Vierge, cinq ou six anges minuscules attendent on ne sait quoi, comme de petites musaraignes ; on les sent prêts à fuir au moindre geste. Le bébé que la Madone a sur les genoux est fort joli, gras à faire plaisir. Il a ce dont toutes les mères raffolent : des fossettes aux coudes et aux genoux. Au bas du tableau, une femme triste et qui ressemble trait pour trait à la Madone occupe ses mains vides avec une couronne d’immortelles.Si on m’avait demandé de dessiner le tableau d’après cette description, il n’aurait bien sûr pas ressemblé à l’original (ici)! Handicap supplémentaire : je ne sais pas du tout dessiner.
Mais qui peut affirmer qu’il a vu un tableau quand on le lui a décrit avec des mots ? se demande avec raison Jean Giono. Il ajoute, modeste, qu’il « ne sait pas disserter de peinture ». A Vérone il visite aussi la basilique Sainte-Anastasie pour voir Saint Georges et la Princesse, une fresque de Pisanello:
Voilà cet admirable front de Bretonne, ce nez de fer, ces lèvres où la sensualité est légèrement dédaigneuse, cette belle oreille, ce monstrueux chignon (...). C’est bien le teint d’une prisonnière qu’on délivre. De l’autre côté du cheval, à peine si la tête de saint Georges est plus rousse. Lui aussi n’a plus une goutte de sang dans les veines, malgré sa bouche de requin-marteau. (ici)
Somme toute, j’ai beaucoup aimé ces descriptions et comparer les images que j’avais imaginées aux oeuvres originales que je découvrais. « Voilà à quoi je pense depuis trois ou quatre ans qu’un voyage en Italie est devenu nécessaire » écrit Jean Giono. Et de ce désir là, j’en ai la copie chez moi!
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