Pendant des années je m’étais méfiée du 253, ce bus qui commence son long périple dans l’est de Londres, à Hackney Central, qui traverse tout le nord via Finsbury Park, pour terminer à Euston station. Je l’avais pris une seule fois, il y a très longtemps, et j’étais arrivée en retard à mon rendez-vous. L’air furibard de D. quand j’étais arrivée chez lui, son ton réprobateur et incrédule - « Tu as pris le 253 !? » - m’avaient interdit ce bus pendant belle lurette.
Mardi soir dernier, il pleuvait à verses. A Finsbury Park, sous le déluge, j’ai attendu ce sacré 253. L’arrêt se trouve sous un pont. En nous voyant sous nos parapluies, tentant d’éviter la cascade qui dégringolait du pont de chemin de fer, j’ai pensé au Totoro du film de Miyazaki, la scène où il attend le bus-chat, la nuit, à l’orée du bois : la pluie fait des claquettes sur son parapluie, ce qui le met en joie. La comparaison ne s’arrête pas là car depuis la dernière fois où je l’avais pris, le 253 s’était métamorphosé en nekobus. Il s’est mis à survoler tout le nord de Londres avant de me déposer, en un temps record, à destination.
Cette fois-ci, derrière l’imposante porte noire vernie, on ne me faisait pas la tête mais on m’attendait les bras ouverts. Désormais le 253 sera synonyme dans mon esprit d’hospitalité, d’une cheminée et de sa chaleur bienfaisante même si elle sonnait le glas de l’été, de murs tapissés de livres, d’un piano et de sa partition, de tableaux faits maison, de photos et de leurs têtes inconnues, d’un jardin vert sombre et d'une pluie d'automne qui tambourinait sur une verrière.
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