jeudi 10 septembre 2009

En pays conquis

Je me suis mise à lire Leaving the world, le dernier roman de Douglas Kennedy, et très vite, j’ai eu l’impression d’être dans une barque qui prenait l’eau. Quelques pages plus loin je m’accrochais à l’épave. Impossible d’aller plus loin sous peine de noyade.

Tout ce qui se passait dans ce roman me faisait une belle jambe. C’est toujours un constat d’échec de fermer un livre avant sa fin. C’est une petite trahison de sauter page sur page parce qu’on se contrefiche du sort de personnages qui restent à l’état de signes sur la page et jamais ne prennent chair.

Et puis, comme dans les meilleures histoires, une baleine est venue me secourir et m’a ramenée en douceur vers la terre ferme. J'ai abordé des rivages inconnus où enfin j’ai entendu la voix ferme, maîtrisée, sensuelle d’un narrateur élégant qu’on suivrait à l’aveuglette :

Ce n’est pas un grand mérite, assurément, que d’avoir été six fois à Rome. J’ose rappeler cette petite circonstance, parce qu’elle me vaudra peut-être un peu de confiance de la part du lecteur.

Les premiers mots, la première phrase... j’étais conquise. Il avait toute ma confiance.
Que dire du lac majeur, des îles Borromées, du lac de Como, sinon plaindre les gens qui n’en sont pas fous ?Il y a deux façons de voir Rome : on peut observer ce qu’il y a de curieux dans un quartier, et puis passer à un autre. Ou bien courir chaque matin après le genre de beauté auquel on se trouve sensible en se levant. C’est ce dernier parti que nous prendrons. Comme de vrais philosophes, chaque jour nous ferons ce qui nous semblera le plus agréable ce jour-là.
Il y a aussi deux façons de quitter le monde : en lisant le bouquin de Douglas Kennedy et en mourant littéralement d’ennui ou bien en trottinant derrière Stendhal dans les rues de Rome de 1829.

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