Une phrase, piquée à La Prisonnière de Marcel Proust, que je pourrais faire mienne, mot pour mot : « Je voulais aller à Venise, je voulais, en attendant, aller au Louvre voir des tableaux vénitiens, et, au Luxembourg... » Conjuguer au présent les souhaits du narrateur d’A la Recherche du Temps perdu, les réaliser même, et aller au Louvre voir l’exposition sur les peintres vénitiens (Titien, Tintoret, Véronèse : Rivalités à Venise), et se promener dans le Jardin du Luxembourg... c’est tout à fait possible.
Il disait que les gares étaient des « lieux merveilleux » mais aussi « des lieux tragiques », car « si le miracle s’y accomplit grâce auquel les pays qui n’avaient encore d’existence que dans notre pensée vont être ceux au milieu desquels nous vivrons, pour cette raison même il faut renoncer au sortir de la salle d’attente à retrouver tout à l’heure la chambre familière où l’on était il y a un instant encore. » Aurait-il aimé ces trains fulgurants qui permettent de faire en une journée l’aller-retour entre Londres et Paris ? Que c’est excitant de pénétrer dans ce grand « atelier vitré » de King’s Cross pour aller chercher le train de Paris, d’ « accéder au mystère » du voyage pour aller contempler « certains ciels (...) de Véronèse » au Louvre !
Il disait que « c’est seulement par la pensée qu’on possède des choses, et on ne possède pas un tableau parce qu’on l’a dans sa salle à manger si on ne sait pas le comprendre, ni un pays parce qu’on y réside sans même le regarder ». Comprendre et regarder, quel beau programme!
Il disait que les gares étaient des « lieux merveilleux » mais aussi « des lieux tragiques », car « si le miracle s’y accomplit grâce auquel les pays qui n’avaient encore d’existence que dans notre pensée vont être ceux au milieu desquels nous vivrons, pour cette raison même il faut renoncer au sortir de la salle d’attente à retrouver tout à l’heure la chambre familière où l’on était il y a un instant encore. » Aurait-il aimé ces trains fulgurants qui permettent de faire en une journée l’aller-retour entre Londres et Paris ? Que c’est excitant de pénétrer dans ce grand « atelier vitré » de King’s Cross pour aller chercher le train de Paris, d’ « accéder au mystère » du voyage pour aller contempler « certains ciels (...) de Véronèse » au Louvre !
Il disait que « c’est seulement par la pensée qu’on possède des choses, et on ne possède pas un tableau parce qu’on l’a dans sa salle à manger si on ne sait pas le comprendre, ni un pays parce qu’on y réside sans même le regarder ». Comprendre et regarder, quel beau programme!
Il parlait « de ces substituts de plaisirs se remplaçant l’un l’autre en dégradations successives, qui nous permettent de nous passer de celui que nous ne pouvons plus atteindre... (comme le fait d’aller au Louvre voir un Titien qui y fut jadis console de ne pouvoir aller à Venise), de ces plaisirs qui, séparés les uns des autres par des nuances indiscernables, font de notre vie comme une suite de zones concentriques, contiguës, harmoniques et dégradées, autour d’un désir premier qui a donné le ton, éliminé ce qui ne se fond pas avec lui et répandu la teinte maîtresse. » Se consoler, par une visite inopinée au Louvre, d’avoir perdu un peu de sa liberté. Juste un voyage pour en retrouver le goût, mieux, la recouvrer.
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