vendredi 19 juin 2009

Stoke-Newingtonienne de souche

Mon arbre généalogique
Fut apporté par le vent
D’une broussaille
Sans racine

Abbas Kiarostami
Cette scène s’est déroulée dans une fac, à Whitechapel. Je venais d’arriver à Londres, et je cherchais à me loger. On m’avait dit qu’il y avait une place dans une cité U, à Stoke Newington, et que pour cela il fallait prendre le train à Liverpool street. J’avais éclaté en sanglots. Je ne voulais pas aller à Stoke Newington, je voulais rester à Londres, moi ! Il avait fallu qu’on m’explique patiemment que Stoke Newington c’était Londres. Je n’étais vraiment pas dégourdie...
Je me souviendrais toujours de mon arrivée à la vieille gare de Liverpool street, qui ne sera rénovée que bien plus tard. Je revois encore ces dizaines de vieux trains, pressés les uns contre les autres comme dans ces photos sépia qui servent à illustrer La bête humaine de Zola ! J’avais l’impression d’être au XIXe siècle, sous la reine Victoria – il faut dire que je lisais Villette de Charlotte Brontë à l’époque - qu’ils étaient à vapeur et couverts de suie...

Allait commencer une des plus belles années de ma vie. La Cité U en question avait 2 étages seulement, moins de 10 chambres, la plupart occupées par des étudiants de français. Pour la première fois de ma vie j’étais libre, libre comme l’air. Je suis vraiment née une nouvelle fois à Stoke Newington.

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