mercredi 24 juin 2009

Echappée belle

En lisant le programme des « réjouissances » qui m’attendaient, mon sang n’avait fait qu’un tour. S'asseoir dans cette salle cela aurait été essayer de mettre en cage un nuage : autant dire impossible ! Alors à la place j’ai écouté une belle émission sur Mahmoud Darwich (ici) et j’ai lu certains de ses textes:

L’arbre est le frère de l’arbre ou son bon voisin. Le grand se penche sur le petit et lui fournit l’ombre qui lui manque. Le grand se penche sur le petit et lui envoie un oiseau pour lui tenir compagnie la nuit. Aucun arbre ne met la main sur le fruit d’un autre ou ne se moque de lui s’il est stérile. Aucun arbre, imitant le bûcheron, ne tue un autre arbre. Devenu barque, l’arbre apprend à nager. Devenu porte, il protège en permanence les secrets. Devenu chaise, il n’oublie pas son ciel précédent. Devenu table, il enseigne au poète à ne pas devenir bûcheron. L’arbre est absolution et veille. Il ne dort ni ne rêve. Mais il garde les secrets des rêveurs. Nuit et jour debout par respect pour le ciel et les passants, l’arbre est une prière verticale. Il implore le ciel et, s’il plie dans la tempête, il s’incline avec la vénération d’une nonne, le regard vers le haut... le haut. Dans le passé, le poète a dit : « Ah si le jeune homme était une pierre. » Que n’a-t-il dit : « Ah si le jeune homme était un arbre ! »

Et bientôt je lirai son dernier livre - La trace du papillon - et tiendrai dans mes mains sa belle couverture. Ensuite j’ai appris le nom de l’écrivain Togolais Kossi Efoui, j’ai regardé une vidéo sur lui (ici) et j’ai lu un mythe guinéen:

L'esprit des choses s'étant fait homme se mit à parler un langage étrange rempli d'image et de fleurs. On ne le compris pas et, le prenant pour fou, on le jeta dans la mer. Un poisson l'avala, mais un pêcheur ayant pris le poisson et en ayant mangé parla à son tour une langue mystérieuse. Il fut lapidé et enterré profondément. Lentement, le vent du désert découvrit sa face et, un jour de simoun, quelques débris du corps tombèrent dans le couscous d'un chasseur. Et aussitôt celui-ci de conter en paroles mystiques des choses inconnues. Il fut exterminé; son corps réduit en poudre aussi fine que la poussière du désert fut lancé dans l'espace. Un homme dont le métier consistait à tirer d'une corde tendue sur une calebasse des harmonies divines en respira quelques grains et, aussitôt, comme la corde que ses doigts faisaient vibrer, il se mit à chanter. Et on le laissa vivre. Et ainsi la pitié donna naissance au griot, et c'est elle qui toujours lui permet d'exister.Ce fut une journée « complète-mandingue »... comme on dit en Guinée !

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