vendredi 29 octobre 2010

Quand c'est bien dit on s'en souvient

Je crois que l’art peut guérir et l’art rend triste, et moi je ne rejette pas cette tristesse. A chaque fois que je vois du beau je peux être saisi d’un flot de tristesse qui est peut-être celle de la durée de ma vie, qui est peut-être celle de ne pouvoir posséder cette beauté, qui est peut-être celle de l’éphémère de cette oeuvre ou de ma propre vie. Mais quoi qu’il en soit, c’est une tristesse à laquelle j’ouvre les bras, j’accepte la tristesse comme j’accepte la nuit contre le jour, comme j’accepte l’hiver contre l’été ou l’automne contre le printemps. Il me paraît naturel, si je saisis la joie, de laisser aussi venir la tristesse. Et je crois que la tristesse accouche toujours d’une joie et donc il faut savoir la laisser venir à soi.

Abbas Kiarostami, Cosmopolitaine, France Inter, 16 mai 2010

7 commentaires:

McdsM a dit…

Poser des mots sur les 2 plateaux de ma balance.
Merci de cette offrande au petit déjeuner.

Marie a dit…

C'est magnifique ! Comme McdsM, merci pour ces mots en ce début de journée !

Agnes a dit…

Merci a vous! Mais c'est vrai que cela fait du bien!

christinecho a dit…

oui c'est magnifique et ça illumine ma soirée ... je le recopie une fois de plus.

Agnes a dit…

Ce serait bien si ca pouvait aussi illuminer le ciel ici qui est noir de nuages! Bonne soiree!

Stéphanie a dit…

Bon allez je me lance. Je savoure ce blog depuis quelques temps maintenant, et je n'osais pas y laisser un commentaire, mais Christine est témoin que j'adore ce que j'y trouve. Je croyais que c'était pour le plaisir de d'y retrouver/découvrir des trésors londonniens. C'est certainement aussi pour le bonheur de saisir l'humeur du jour le matin quand j'allume mon grand écran au boulot, en buvant un premier thé. Et souvent pour y récolter de belles pépites comme celle d'aujourd'hui. Certaines de mes amies ont eu droit en cadeau au lien vers ce blog, Béné avec qui j'étais en août à Londres, Fanny qui veut m'y emmener sur les traces de V. Woolf. Que malheureusement tu n'apprécies pas toujours. Sans rancune, idem pour Poetry, dont j'ai retenu qu'avant de vouloir faire de la poésie, il fallait avoir mis ses soucis en ordre, mais ma conclusion ne colle pas à tous les cas de génies tourmentés, alors ce n'est pas valable. ça m'allait bien pourtant de commencer par ranger. A bientôt !

Agnès a dit…

Stephanie, merci, cela me fait vraiment plaisir. Quelle joie de trouver ce commentaire! Il faut oser me laisser des commentaires, ca fait partie du plaisir d'ecrire un blog.
Pour Poetry, je n'ai rien aime, rien compris, c'est un film qui me laisse froide. C'est vraiment etrange le rejet que j'ai de ce film. Cela a un sens, surement.
Pour Virginia Woolf, j'aime ses essais, j'ai du mal avec ses romans, mais p-e que je ne desespere pas de mieux la lire. J'aime le ton primesautier de ses articles.
Merci encore pour ce commentaire, il me touche vraiment.