Point à la ligne

Le monde est une boule que Dieu fait rouler, elle ne va peut-être pas toujours bien, mais elle va et ira toujours.
On dit « Si cet homme qui remplit si bien sa place venait à mourir, comment fera-t-on ? »

Il est remplacé et cela va.
On dit : « Si nous ne faisons pas telle chose cette année, qu’est-ce qui arrivera ? »
Rien.
« Si tel changement n’a pas lieu dans l’administration tout est perdu ! »
Non, on s’en tire.
« Il faut faire et faire faire à chacun en son devoir. »
Et quand on ne le fait pas, cela revient encore à peu près au même.

Charles-Joseph de Ligne (1735-1814)

Ce que dit le Prince de Ligne s’accorde tout à fait à la semaine "boiteuse" que je viens de subir. Et c’est vendredi en fin d’après-midi que je l’ai entendue, quand je redevenais un peu moi-même, sur le chemin d’un beau film chinois : Chongqing Blues. Cela aurait été plus utile de lire ces mots en début de semaine, mais bon, vendredi, ils m’ont permis d’être un peu plus philosophe.

Il y a eu quand même des choses agréables cette semaine (l’expo Gauguin, le film chinois, un savoureux Shepperd’s pie hier soir mitonné par un expert en la matière), et surtout de bons moments avec mes amis, mais beaucoup d’autres choses ont pompé toute mon énergie. Cela ne m’étonne pas que dans la nuit du jeudi au vendredi j’aie rêvé qu’une grosse araignée noire me trottinait sur le corps (elle ressemblait étrangement à ce scorpion, photographié au Natural History Museum d’Oxford). Je ne pouvais pas la chasser.

Je ne compte pas me retrouver dans les pattes de ce crabe japonais géant, même en rêve, alors au cas où je me retrouverais de nouveau dans les mêmes situations fâcheuses que cette semaine, j’éviterais de sortir de mes gonds, parce que la colère ne vient jamais seule, elle est toujours accompagnée d’amertume, de mépris, de dépit, un lugubre cortège qui rend malheureux. Et moi je ne veux pas être malheureuse !