Quand on quitte la très belle et instructive exposition Muybridge (ici) à la Tate Britain (ici), une chose nous obsède : la locomotion animale. On ne peut observer le vol des mouettes au dessus de la Tamise sans que notre oeil - comme s’il s’était transformé en Zoopraxiscope - ne le découpe en plans successifs. Et en revenant sur Whitehall et Big Ben, devant les impassibles chevaux des Horse Guards aux abords du 10 Downing street, on souhaite qu’ils prennent soudain la mouche, qu’ils se lancent dans un galop à oreilles rabattues, pour que l’on puisse surprendre le moment – invisible à l’oeil nu mais capturé par la caméra de Muybridge – où leurs quatre sabots décolleront du sol en même temps. Il faisait si beau et si chaud... J’avais Sketches of Etruscan Places de D.H. Lawrence dans mon sac et je suis allée en poursuivre la lecture sur un banc de Saint James’ Park. Pour le rejoindre, je suis passée devant le grand pélican, impérial sur son île.Les cygnes, les canards, les pigeons, les écureuils, et même quelques corbeaux joufflus, ne m’ont pas détournée de ma lecture... quand une libellule s’est posée sur le banc. Elle a fait un bruit sec en se posant à hauteur de ma tête. J’ai esquissé un geste vers mon appareil photo et elle s’est envolée. Puis des fils d’argent se sont mis à flotter dans l’air, emportés par la brise. J’ai aperçu au bout de cet étrange parachute, gigotant de toutes ses pattes, une petite araignée. En douceur, cet équipage s’est posé sur le banc. Il y avait là de quoi me réconcilier avec toute la gente arachnéenne de la terre, tellement il y avait eu de grâce dans cette arrivée.
Vers 17h, le temps s’est rafraîchi. J’ai quitté mon havre de paix pour Piccadilly Circus et son mouvement perpétuel. Une journée parfaite !
1 commentaire:
Merci pour cette balade londonienne ! De quoi rallonger la mienne, quand je ferme les yeux et que je m'imagine à Londres... Doux week-end !
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