Tous ces oiseaux, goélands et mouettes, sont également voraces et criards : on peut dire que ce sont les vautours de la mer; aussi lâches que gourmands, ils n'attaquent que les animaux faibles, et ne s'acharnent que sur les corps morts. Leur port ignoble, leurs cris importuns, leur bec tranchant et crochu, présentent les images désagréables d'oiseaux sanguinaires et bassement cruels : aussi les voit-on se battre avec acharnement entre eux pour la curée. Cet excès de cruauté ne se manifeste guère que dans les grandes espèces; mais toutes, grandes et petites, étant en liberté, s'épient, se guettent sans cesse pour se piller et se dérober réciproquement la nourriture ou la proie. Tout convient à leur voracité ; le poisson frais ou gâté, la chair sanglante, récente, ou corrompue, les écailles, les os même, tout se digère ou se consume dans leur estomac : ils avalent l'amorce et l'hameçon ; ils se précipitent avec tant de violence qu'ils s'enferrent eux-mêmes sur une pointe que le pécheur place sous le hareng qu'il leur offre en appât, et cette manière n'est pas la seule dont on puisse les leurrer; Oppien a écrit qu'il suffit d'une planche peinte de quelques ligures de poissons pour que ces oiseaux viennent se briser contre : mais ces portraits de poissons devaient donc être aussi parfaits que ceux des raisins de Parrhasios ?
Histoire Naturelle de Buffon (1749-1789)
Histoire Naturelle de Buffon (1749-1789)
Ce n’est pas parce que ces vautours de la mer nous attendaient au tournant que nous avons à peine mis le nez à l’extérieur de la voiture : le vent menaçait de nous transformer nous-mêmes en oiseau de mer !
1 commentaire:
Il faut que je t'envoie "Les baleines publiques" de Frank Pé !
PS : Merci pour ta lettre, oui, tu as raison, j'ADORE ça ! :-)
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