La première semaine de cours se termine. Qu’ils sont mignons ces étudiants. Je les regarde et je me demande combien de temps ça va me prendre cette année pour me souvenir de tous leurs prénoms. Que je suis fatiguée en rentrant le soir, j’ai mal partout, je n’ai plus l’habitude de me tenir devant des dizaines d’yeux scrutateurs, de me dépenser sans compter pour chacun d’un bout à l’autre de la salle. Cela ne m’a rien fait, je n’ai pas eu le moindre trac. Je dis ça mais je ne compte plus les stylos qui me sont tombés des mains, de leurs bouchons qui sautent sur la table d’en face ... signes que je dois quand même être un chouïa nerveuse ! Mais je ne le ressens pas. Je suis à l’aise. C’est vraiment un rôle que je joue en toute sincérité et avec bonheur. Quand j’enseigne, dans le feu de l’action, on me poserait des questions sur ma vie réelle, je ne saurais quoi répondre. Je ne viens de nulle part, je n’ai plus d’histoire. Quand je prononce mon nom et que je l’écris au tableau, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une autre, la prof, à la surface lisse, à l’humeur toujours égale et enjouée, qui n’est pas timide mais à 100% sûre d’elle. Il suffirait que je pense à un truc que j’aime, que je me revoie lézardant sur mon banc de Saint James’ Park, au bouquin dans mon sac et qui me touche si fortement, pour que je perde tous mes moyens et que je cherche ma coquille des yeux pour m’y cacher à reculons. Mais tout mon petit monde intérieur fait les cents pas devant la fac et se jette sur moi dès que je parais !
Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
jeudi 30 septembre 2010
Une bonne comédienne
La première semaine de cours se termine. Qu’ils sont mignons ces étudiants. Je les regarde et je me demande combien de temps ça va me prendre cette année pour me souvenir de tous leurs prénoms. Que je suis fatiguée en rentrant le soir, j’ai mal partout, je n’ai plus l’habitude de me tenir devant des dizaines d’yeux scrutateurs, de me dépenser sans compter pour chacun d’un bout à l’autre de la salle. Cela ne m’a rien fait, je n’ai pas eu le moindre trac. Je dis ça mais je ne compte plus les stylos qui me sont tombés des mains, de leurs bouchons qui sautent sur la table d’en face ... signes que je dois quand même être un chouïa nerveuse ! Mais je ne le ressens pas. Je suis à l’aise. C’est vraiment un rôle que je joue en toute sincérité et avec bonheur. Quand j’enseigne, dans le feu de l’action, on me poserait des questions sur ma vie réelle, je ne saurais quoi répondre. Je ne viens de nulle part, je n’ai plus d’histoire. Quand je prononce mon nom et que je l’écris au tableau, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une autre, la prof, à la surface lisse, à l’humeur toujours égale et enjouée, qui n’est pas timide mais à 100% sûre d’elle. Il suffirait que je pense à un truc que j’aime, que je me revoie lézardant sur mon banc de Saint James’ Park, au bouquin dans mon sac et qui me touche si fortement, pour que je perde tous mes moyens et que je cherche ma coquille des yeux pour m’y cacher à reculons. Mais tout mon petit monde intérieur fait les cents pas devant la fac et se jette sur moi dès que je parais !
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