mardi 14 septembre 2010

Ghost story

Ceux qui savent s’observer eux-mêmes et qui gardent la mémoire de leurs impressions, ont eu parfois à noter, dans l’observatoire de leur pensée, de belles saisons, d’heureuses journées, de délicieuses minutes. Mais ce qu’il y a de plus singulier dans cet état exceptionnel de l’esprit et des sens, que je puis sans exagération appeler paradisiaque, si je le compare aux lourdes ténèbres de l’existence commune et journalière, c’est qu’il n’a été créé par aucune cause bien visible et facile à définir. Je préfère considérer cette condition anormale de l’esprit comme une véritable grâce, comme un miroir magique où l’homme est invité à se voir en beau, c’est-à-dire tel qu’il devrait et pourrait être ; une espèce d’excitation angélique, un rappel à l’ordre sous une forme complimenteuse. Cet état charmant et singulier, cet état merveilleux, n’a pas de symptômes avant-coureurs. Il est aussi imprévu que le fantôme.

Le goût de l’infini de Baudelaire

Tout le monde a connu et connaîtra l’ « excitation angélique » dont parle Baudelaire. Mais je doute que l’état de grâce me surprenne ces trois prochains jours, que je prévois hauts en couleurs. Même aujourd’hui, alors que je me remémore les plus récentes « délicieuses minutes » de ma vie. Je suis encore trop retenue dans le quotidien par des préparations de dernières minutes pour accueillir « cet état charmant ». Mais qui sait ? Le fantôme n’attend peut-être que les longues réunions de cette semaine pour n’apparaître rien qu’à moi...

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