mercredi 22 septembre 2010

Jouer au fantôme

Les photos sont petites. Il faut approcher son visage très près pour distinguer les traits de D.H. Lawrence. Autour des images jaunies se trouvent les témoignages des écrivains qui ont permis la publication de Lady Chatterley’s Lover dans les années soixante, au bout d’un procès de cinq jours, plus de 30 ans après sa complétion. Il avait un drôle de visage D.H. Lawrence et des yeux très doux. La plupart des photos le représentent assis alors que dans mon esprit – peut-être parce que je suis en train de lire Sketches of Etruscan Places - , il est toujours par monts et par vaux. A l’étage au-dessus le premier ministre William Pitt, sur le tableau de John Hoppner, se tient lui fièrement debout. Son portrait voisine avec l’immense toile intitulée The anti-slavery society convention 1840 de Benjamin Robert Haydon. Tout cela me rappelait que la veille j’avais vu le film Amazing Grace sur l’abolition de l’esclavage. A la National Portrait Gallery j’avais la confirmation que tout cela avait bien existé. Pitt avait posé pour ce tableau, D.H Lawrence pour ces photos. Reflets qui me semblaient plus vivants que moi-même. Cette dernière phrase peut donner l’impression que je n’allais pas très bien... Au contraire ! C’est bien de jouer les fantômes. Parce qu’on flotte, on peut se balader partout sans se fatiguer. Fantôme, on peut se faire bronzer en traversant la Tamise sous un splendide soleil, en se promenant du côté de la Tate Modern. Fantôme, on peut aller prendre un verre et bouquiner sur un banc face à Saint Paul.Fantôme, quand le soleil se couche, son énergie redouble. C’est le moment de reprendre forme humaine. On a tellement souri pendant sa journée que le monde où l’on reprend pied semble doux et apaisé.

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