mercredi 28 juillet 2010

Monsieur 100 000 volts

Un homme, dans une chambre au décor spartiate, est hanté par des souvenirs de guerre. Il revient d’Afghanistan où il a été blessé. Plus tard, il traverse en claudiquant Russell square, au coeur de Bloomsbury, à deux pas du British Museum. A-t-on déjà deviné son identité et le rôle qu’il joue dans cette histoire ? Et puis cet homme fade, peu remarquable, rencontre dans un laboratoire un autre homme, à l’allure insolite, lui. Il a une coiffure bizarre, un peu bouffante, des yeux inquiétants, d’un bleu presque transparent, et son visage est difficile à décrire, tant il est mouvant et biscornu. Et sa façon de parler, comme une mitraillette, sans reprendre son souffle. Il agace, il irrite, on a envie de s’en débarrasser comme d’un insecte inopportun et tenace. Comme d'une puce.
Pourtant... pourtant... on est déjà sous le charme. Bientôt on ne pourra plus s’en passer. Quand il n’est pas là, on se morfond, on attend son retour.
Le revoilà, et tout s’accélère. Il nous survolte. On est prête à le défendre becs et ongles contre tous ses ennemis, même le plus grand. Dès qu’il ouvre la bouche on boit ses paroles. Qu’il fasse un bon mot, qu’il lance une pique, et on l’applaudit des deux mains.
Il envoie des SMS à tour de bras qui transpirent une sensualité torride : « Retrouve-moi chez moi » « Quoi que tu fasses, laisse tout tomber »... Et ces regards qu’il laisse couler de ses yeux de cristal... à se pâmer.
Et que Londres est belle sous ses pas! Londres est telle qu’elle est, telle que je la connais. On capte vraiment son âme. Elle émeut. Elle est lumineuse. On redouble d’amour pour elle. Ce n’est pas un Londres de pacotille, pour le cinéma. Ici les rues ont des noms, on peut les situer sur une carte comme Lexington street dans Soho. Et quand seuls, on voyage dans le vrai Londres, on est bouleversés de l’avoir vue si magnifiée à travers lui.
On ne supporte plus la lenteur de son faire-valoir. On veut être seule avec lui, qu’avec lui. On est tellement à l’unisson de ses pensées, attentive au moindre de ses gestes, qu’on devient lui, que notre cerveau résout les énigmes les plus tarabiscotées en même temps que lui. Et quand, pantelante, il nous abandonne... quand on se dit qu’il faudra attendre une semaine avant de revoir cet homme à la présence envoûtante... au lieu de se jeter par terre en se griffant le visage à la mode des Bacchantes, au contraire on saute partout, on rit, on gigote, on se dit que la vie est belle, que l’été est une période magique... Bref, on est excitée comme une puce.
Après, comme en extase, on demande à tous ceux et toutes celles qu’on croise : « Dis, tu as vu Sherlock Holmes au XXIe siècle sur BBC1 dimanche soir ? » (ici)

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