dimanche 4 juillet 2010

Bonnus Anniversarus croâ croâ


Puis, c'est l'aube fraîche et pâle et des rayons frappent à nouveau les yeux, un oiseau magnifique paraît en haut du ciel et de son aile rapide fend l'air du côté favorable.

Cicéron dans De la Divination

Au moment où je pensais que les pies jacassantes avaient chassé de leur territoire les chers corbeaux croassants...

Où je faisais mon deuil du noir immaculé pour accepter que plumes blanches et plumes noires, sur un corps dodu, somme toute, c’était joli, je ne perdais pas au change ...Le jour de mon anniversaire, un beau corbeau grassouillet est venu me chanter une aubade, perché sur une branche, juste en face de ma fenêtre!

Un autre corbeau l’appelait du toit d’en face. Il lançait des cris déchirants, arquant son corps, le bec en arrière, on aurait dit Louis de Funes dans Oscar. De son perchoir, mon baladin s’est d’abord fait prier, avant de le rejoindre à grands coups d’ailes.

Le calme est revenu. Ils se sont soudain envolés tous les deux dans la même direction. A quel lutte de pouvoir se livraient-ils ce matin-là ? Si nous étions à Rome, sous les Césars, j’y aurais vu peut-être comme un mauvais présage et me serais précipitée au temple du coin pour consulter un haruspice.Ou bien serais-je allée réveiller Cicéron, qui parmi ses ouvrages compte un De la Divination : « Marcus Tullius, Marcus Tullius, que penses-tu de ce corbeau qui croasse à ma fenêtre au matin de mon anniversaire ? »
D’une voix endormie le formidable orateur m’aurait dit : « Prends le rouleau De la divination sur l’étagère et lis Livre I, 7 »
Que Carnéade cesse donc de railler, comme le faisait d'ailleurs Panétius demandant si Jupiter avait ordonné que le cri de la corneille se fît entendre à gauche, celui du corbeau à droite. Mais moi c’est à gauche qu’il chante, mon corbeau !
« Maintenant, Livre II, 6 »
Et je ne dis pas encore à quel point sont dépourvus de toute valeur des signes tels que la fissure du foie, le cri du corbeau, le vol de l'aigle, le passage d'une étoile, les paroles d'un délirant, les sorts, les songes...
« Maintenant, tiens, voici ma carte d’anniversaire et laisse-moi dormir je suis pompé(e)» (comprenant le jeu de mot, j'aurais bien rigolé)Elle aurait été bien jolie la carte d’anniversaire de Cicéron et elle aurait deviné ce que mon avenir me réservait... Je l’aurais bien sûr conservée précieusement tant et si bien que plus de deux mille ans plus tard on peut encore l’admirer au British Museum !

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