L’Art de l’eau... consiste à observer avec malice le cours des choses. On regarde. On commente le monde. Par dessus tout, on apprend à accepter la réalité. On s’entraîne à ne rien faire. Ne pas dompter, ne pas diriger, ne pas ordonner le monde. On découvre qu’il ne faut pas dévier le cours des rivières. Nos envies, nos peurs, nos affinités secrètes : autant de rivières. Nous n’y bâtissons pas d’absurdes digues que la première crue venue ferait céder. Et la magie commence là ; quand on écoute l’eau et qu’on accepte d’avoir l’inconstance (et la joie) d’une rivière.
L’Ancien Temps : Le roi n’embrasse pas de Joann Sfar
Dehors il fait gris et pluvieux. Nous sommes samedi, mais on a l’impression que les gens se sont calfeutrés chez eux, comme un dimanche ou un jour férié. Moi, j’ai une pile de copies à corriger. Dans un train, récemment, j’ai observé une prof qui corrigeait des copies. Certaines se lisaient sans peine, et son stylo rouge rentrait rarement en contact avec la page. Pour la plupart, il ne chômait pas : deux traits pour signaler un manque d’accord, annotations dans la marge, points d’interrogation, flèches... Tous ces gestes que je m’apprête à faire pendant des heures. Mais dans ce train il se dégageait de cette prof un tel professionnalisme, un tel calme efficace, que je l’enviais presque. Maintenant que c’est à mon tour de faire ce travail, je préfèrerais mieux continuer la lecture du merveilleux livre de Joann Sfar, avec ses planches si colorées. L’Art de la Sourcellerie ce sera pour demain!