30 décembre 1878
Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
mercredi 31 décembre 2008
Bonne année 2009 !
30 décembre 1878
dimanche 14 décembre 2008
Jour J
- Je rentre à Tokyo!
- Tu vas faire quoi là-bas ? Ce coin poussiéreux n’est pas fait pour les humains !
Rien de mieux que la perspective d’un long voyage pour mesurer l’amour que l’on porte à sa ville et à une poignée de ses habitants en particulier. Et il est grand. J’ai de la peine à quitter mes amis, tout en sachant que je vais leur écrire, ce qui me soulage un peu. Des fois je me demande si je ne m’éloigne pas de Londres simplement pour me donner le prétexte d’écrire des lettres.
Jusqu’au dernier moment j’ai hésité sur les livres que j’emmènerai avec moi : Proust (Combray) et Flaubert (Correspondance), on ne saurait rêver meilleurs compagnons de voyage. Proust dans la valise, dans la soute à bagages. Flaubert dans la poche, à portée de main, pour aider à supporter la douane, la salle d’attente, le décollage... Il me faudra attendre encore quelques minutes avant que l’écran devant moi ne fonctionne et que je puisse visionner film sur film jusqu’à Tokyo. La lecture de quelques lettres de Flaubert me sera d’un grand secours.
samedi 13 décembre 2008
Course contre la montre
J’adore organiser ce genre de journée, où je m’agite jusqu’à la limite de l’épuisement. Où je remets mon sort et ma santé mentale dans les volants et les roues de ces chers bus londoniens – c’est un peu comme compter sur son pire ennemi... – et où je teste ma ponctualité légendaire jusqu’à ses derniers retranchements. Peut-être pour décupler le plaisir que j’ai de me retrouver ensuite seule, à savourer les événements de la journée.
J’avais déjà pris, et ce, dès potron-minet, 30 minutes de retard sur l’horaire prévu... mais j’étais d’une indolence... j’ai du retarder mon premier rendez-vous, et puis le retarder encore...
S. ne m’en a pas tenu gré. Discuter sous tous ses angles de cinéma allemand ancien et moderne, d’exploits héroïques, de pics enneigés – il faisait un froid de canard hier -, d’alpinistes chevronnés et de propagande nazie, m’a fait le plus grand bien.
Mais, déjà, sur les chapeaux de roue, je repartais vers mon restau chinois préféré avec mes 30 minutes de retard qui me houspillaient. Mais notre déjeuner à J. et moi a été des plus zen et des plus doux qui soient. D’ailleurs voir J. c’est comme aller dans un onsen japonais : Mon âme commence à ondoyer mollement comme une méduse. Si telle était la vie, comme elle serait agréable ! se félicite le héros de Soseki dans Oreiller d’herbes.
Pendant notre déjeuner, mon rendez-vous suivant s’est décommandé. Mes 30 minutes de retard se sont évaporées, comme par magie, dans une fumée rose...
Et puis, par le plus grand des hasards, en quittant J., un coup de fil m’apprit que N. (le 5e rendez-vous) était justement dans une librairie à deux pas de là – Piccadilly Circus. J’y ai couru... et là j’avais carrément 4h d’avance !! J’en ai profité pour m’acheter en Folio la Correspondance de Flaubert et celle de Proust. Maintenant, tout ce que je m’achète est « mon cadeau de Noël ». Cela me fait bien rire parce que dans les 3 semaines qui viennent, je vais avoir tant de cadeaux de Noël qu’il me faudra piquer la hotte du père Noël pour revenir du Japon !
J’aurais dû rentrer chez moi et ranger, faire ma valise, vérifier qu’il ne me manque rien... Mais je me sentais en vacances, ça me faisait du bien de tirer un trait sur ce semestre agité, de faire des projets, de regarder d’un oeil moqueur un bout de la Star Ac, de se moquer de plus belle des simagrées gentillettes des candidats à la Roue de la Fortune, et d'apprendre grâce au JT de France 2, comment déclancher des avalanches, avant de finir en beauté dans un restau espagnol du coin devant des tapas somptueuses.
Je suis rentrée fourbue – c’était tellement en désordre chez moi qu’on aurait dit qu’une descente de police avait eu lieu ! Je me sentais totalement en vacances. C’est peut-être pour cela que ce matin, ce billet est si long – et je suis d’ores et déjà en retard pour mon prochain rendez-vous – et que, en repensant au billet d’hier et en particulier à cette carte-colombe, j’y vois plus clair : elle reflète exactement l’état de notre relation, ravalée au rang de collègue à collègue, limitée au quatre murs de la fac... et, si les circonstances et des mouvements d’âme subtils l’ont voulu, c’est que c’est sûrement mieux ainsi.
En tout cas, il me reste à être à l’heure pour mon avion demain... mais ça, comptez sur moi !
vendredi 12 décembre 2008
Voeux pieux
Dessins originaux plus ou moins modernes ou reproductions de tableaux de maître, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Pendant de nombreuses années j’ai moi aussi sacrifié à la tradition de laisser des cartes de voeux dans les casiers de tous mes collègues - même ceux avec qui je n’avais pas échangé deux mots de toute l’année, d’en donner à ma bouchère et à tous les commerçants que je fréquentais et, pour couronner le tout, à tous ceux qui m’en donnaient. Et puis, ces dernières années, le flux s’est ralenti et s’est tari carrément l’an dernier puisque déjà je n’avais pas passé Noël à Londres – je préfère succomber aux cartes japonaises du Nouvel An à la beauté inégalable !
C’est joli de décorer sa maison de cartes de voeux, celles que les étudiants vous donnent pleines de gentils messages qui vont droit au coeur et vous encourage, celles des amis qui pensent vraiment à vous et vous envoient vraiment tous leurs voeux, et celles de gens que vous avez perdus de vue depuis des lustres et qui vous ont gardés dans leur répertoire...
Je veux des voeux sincères, des voeux qui viennent du fond du coeur... je ne veux plus de cartes que l’on a achetées par paquet de douze, sur lesquelles votre nom a été écrit à la va-vite, et où l’on vous souhaite les mêmes voeux qu’à la marchande de steaks bio du coin !
Hier j’en ai reçu une ornée d'une colombe de la paix. Avant d’en lire le message à l’intérieur, je me suis bercée dans la douce illusion qu’il balaye avec légèreté et humour ces derniers mois difficiles entre nous... Au contraire, ce message m’a glacée : mon prénom, sec, qui claque, même pas un simple « bises » à la suite de deux phrases sous les habituels voeux déjà imprimés - puisqu’il faut bien une touche personnelle - dont celle-ci : « Reviens-nous en pleine forme ». Qui se cache sous ce « nous » mystérieux ? Il me laisse bien rêveuse. Et c’est si commode de me croire en mauvaise forme pour expliquer le fait que nous ne soyons plus sur la même longueur d’ondes, n’est-ce pas ? Mais je suis au comble de la forme ! Il est grand temps que je prenne le large... Vive les vacances de Noël!
jeudi 11 décembre 2008
Dans la peau de Michel Drucker
C’est le dernier jour du trimestre. Cette dernière semaine, si je retrouvais toujours mon entrain dès que je mettais le pied dans une classe, partout ailleurs je me sentais comme une écorce vide. Hier surtout : j’avais envie de m’asseoir sur un banc de ce parc, et d’attendre que le temps passe, sans penser à rien, les yeux dans le vague. Je ne lis plus, je ne regarde plus de films, et je dors comme jamais. Vivement vivement dimanche ! Hier matin je suis tombée sur une émission de Michel Drucker sur Europe 1. Normalement il m’exaspère, mais là il débloquait totalement, il disait des choses incongrues, et prenait tout à la légère... et soudain j’ai eu envie d’être lui, dans ce studio, à dire des bêtises, à parler d’huîtres au Champagne, de sucre glacé comme il s’échinait à le dire, de bûche aux marrons « que même si on voulait on pouvait ne pas lui donner la forme d’une bûche »... bref, j’avais envie de ranger mon cartable et d’être en vacances. J’en aurais pleuré.
mercredi 10 décembre 2008
Pas le temps d’écrire aujourd’hui...
Non, faut pas s’inquiéter... c’est seulement que j’avais beaucoup de travail... encore un jour avant les vacances ! Mais merci quand même, Jean-Marie et Marguerite !
mardi 9 décembre 2008
Dans un théâtre très très sombre
Et il n’est pas si grand que ça, Steven Mackintosh... il est même petit, même si au cinéma il paraît immense. Mais qu’il joue bien !
Comme toujours, après une si bonne soirée, on se promet d’aller plus souvent au théâtre, c’est si facile... et la proximité des comédiens, que l’on sent sur un fil, est quand même une expérience qu’il faut vivre de temps en temps.
lundi 8 décembre 2008
Pourquoi ça marche pas avec la loterie ? : Parce qu’il ne pleuvait plus (3)
Mais quel est donc le rapport entre l’arc-en-ciel stationné au-dessus de mon toit et George, le frère de la tragique Anne Boleyn, incarné par ce sexy acteur britannique ? Pline l’Ancien a beau avoir dit que l’arc-en-ciel « n'est ni une merveille ni un prodige, car il n'annonce pas, d'une manière sûre, même la pluie ou le beau temps », c’est bien parce que la pluie s’était arrêtée que le prodige s’est accompli. « La pluie a-t-elle cessé de tomber? » nous sommes-nous demandé, scrutant le ciel après notre thé. Toutes les deux avions omis d’emmener notre parapluie. Après tant d’années en Angleterre, comment avions-nous pu nous faire avoir par ce ciel bleu sans nuage ? S’il avait plu, rien ne serait arrivé, tout tient à si peu de choses... Je ne l’aurais pas accompagnée au théâtre de l’Almeida pour voir s’il y avait encore des places pour le lendemain soir. Je n’aurais pas ressenti le besoin irrépressible, hors de propos, de lui demander, devant les caisses, pour la énième fois cette semaine, si-elle-avait-vu The Bouddha of Suburbia il-y-a-15-ans, et si-elle-connaissait-cet-acteur « grand, blond, à l’air énigmatique, à la voix particulière... » et elle ne m’aurait pas répondu : « Heu, non... je connais le feuilleton mais je ne l’ai pas suivi..., sorry ! »
Il y avait des places : « Tu nous accompagnes ? C’est mon cadeau de Noël ! » Touchée, j’ai accepté. Mais je ne savais encore ni le sujet, ni le nom de la pièce. J’ai avisé un prospectus sur le comptoir : il annonçait une pièce de Neil LaBute, In a Dark Dark House. Sur l’affichette on voit deux petits garçons en tenue de cowboy, qui se balancent sur un cheval de bois dans un jardin. Je retourne le prospectus et mes yeux sont attirés par la photo en noir et blanc d’un des trois comédiens. Quelle ne fut pas ma surprise ! Vous l’avez deviné... oui, cet acteur « grand et blond, aux faux airs de David Bowie » c’est lui ! C’est Steven Mackintosh !!!
« C’est luiiiiiii ! C’est luiiiiiiii ! » L’employé du théâtre, se demandant quelle mouche venait de me piquer, mis au courant, laisse tomber un laconique « synchronicity ». Sa collègue, elle, me conseille de traîner dans les parages pour tenter d’apercevoir mon idole. Plus tard C. conclura : « Mais pourquoi ça marche pas pour la loterie ? »
dimanche 7 décembre 2008
Hue cocotte!
Pourquoi ça marche pas avec la loterie ? : le frangin d’Anne Boleyn (2)
La suite au prochain numéro... (Hitchcock peut aller se rhabiller !)
samedi 6 décembre 2008
Pourquoi ça marche pas avec la loterie ? : Signes (1)
vendredi 5 décembre 2008
Filiation maroquinière
Elle m’avait dit : « Je te prête ce sac, mais c’est mon sac ». C’était une sorte de petit cartable en cuir bleu pétrole, avec plein de poches. Il était très joli. Je l’utilisais pour aller au collège (qu’on appelait là-bas le lycée) avant que la mode des besaces n’arrive et que je le lui rende. Mais c’était resté le sac idéal, jamais retrouvé, à jamais perdu. Ces deux dernières semaines je voulais m’acheter un sac, et j’ai arpenté Oxford street de longues heures, fendant la foule pour le dénicher. Ils étaient tous ou bien moches ou bien trop chers, ou bien trop grands, ou bien faits d’une matière étrange qui rappelait plus le caoutchouc que le cuir. Avant de tomber en arrêt devant ce sac bleu pétrole, un peu cher... Je suis revenue plusieurs fois vers lui, je l’ai manipulé, j’en ai caressé le cuir épais et souple, admiré sa couleur parfaite, je l’ai maintes fois ouvert et refermé, en imaginant ce que j’y mettrais... J’ai vraiment failli plusieurs fois me diriger vers la caisse en le serrant contre moi. Mais il n’était pas pratique du tout, il fallait bien se l’avouer... Je l’ai abandonné à regret. Une rue plus loin m’attendait celui qu’il me fallait, celui dont la couleur, la matière, l’odeur, à défaut de la forme, comble le manque du sac idéal, et en descend, comme une fille de sa mère, à la fois semblable et tout à fait différent.
jeudi 4 décembre 2008
Loin des yeux et près du cœur
En ce moment j’ai vraiment des sentiments ambivalents : le matin je veux partir, je bouclerais mes bagages et je prendrais l’avion sur le champ. La nuit, je me réveille en sursaut avec l’envie d’annuler mon billet d’avion. Cette idée me réconforte. Je serais prête à jurer mes grands dieux, à ce moment-là, que je ne suis pas du tout intéressée par le Japon, et même… que je ne l’ai jamais été. J’essaye de me tester en me demandant : « Ozu, Mizoguchi, Kurosawa, tu n’aimes pas ? » et je me réponds « non, ça ne m’a jamais plu » « Et visiter Kyoto, aller au musée du Genji à Uji, sentir l’odeur du thé vert en sortant de la gare, non plus ? » Et la réponse est la même : « Non, ça ne m’intéresse pas ».
Le matin, c’est oublié. L’envie est là, toute fraîche: il suffit que je pense au car qui m’amène de l’aéroport de Narita à mon hôtel. Il serpente dans Marunouchi à l’heure du déjeuner, j’aperçois la silhouette du Palais impérial, et je me dis que dans moins d’une heure je ferai partie de cette foule… C’est une sensation inoubliable, addictive.
Quelle enfant gâtée ! J’ai devant moi trois semaines de purs plaisirs, de découvertes, sans entraves, mais à deux heures du matin je les troquerais pour des vacances popotes, dans mon quartier, dans un monde archi-connu, maitrisé, routinier… Ces sentiments me sont familiers mais je ne peux m’y habituer. C’est vraiment Docteur Jekyll et Mister Hyde !
mercredi 3 décembre 2008
mardi 2 décembre 2008
Heures indiennes
lundi 1 décembre 2008
Enfin! A la bonne heure!
dimanche 30 novembre 2008
Chaussures à son pied
« Une amie et moi sortions d’un cinéma quand nous sommes tombées sur T., dont j’étais follement amoureuse. Enfin, amoureuse... A chaque fois que je parle de ce que j’éprouvais pour lui, je dois me reprendre, parce que cela n’était pas de l’amour, je le sais maintenant, mais une obsession à sens unique. Je remarque que j’emploie toujours d'abord le mot amour à son encontre avant de me corriger, et ça m’ennuie. Il se tenait devant nous, et son regard a glissé de moi à ma copine, comme s’il me gommait du tableau. Je me souviendrai toujours de ce regard froid qui glisse, dans un travelling qui m’a paru infini, d’elle à moi, qui me montre qu’il évite le mien. J’entends encore son enthousiasme surjoué quand il lui parle. Puis elle et moi sommes allées faire les magasins. L’image qui me vient à l’esprit pour représenter ma blessure d’amour propre, c’est que je marchais avec des couteaux plantés dans le corps, j’étais comme un porc-épic. Nous avons dépassé un pub australien immense qui avait pignon sur rue vers Haymarket. Ses vitres étaient bleues. Pourquoi est-ce que je me souviens de cet endroit particulier ? Existe-t-il encore ? Peut-être qu’en ce samedi après-midi le lieu était bondé, et que le brouhaha joyeux qui se déversait sur la chaussée rendait ma peine d’autant plus cruelle. Dans Oxford street, nous sommes entrées dans un magasin de chaussures un peu cheap. Là, sur un coup de tête, je me suis acheté une paire d’escarpins à talons aiguilles pyramidaux assez vulgaires, moi qui n’en avais jamais porté de ma vie ! Deux jours après je les ai donnés : chez moi, quand j’avais voulu les chausser, je vacillais et manquais de me casser la cheville et le cou au moindre pas. Je n’ai compris que plus tard la portée de cet achat qui ne me ressemblait pas. »
La conversation a ensuite dévié, et nous nous sommes mises à parler du Credit Crunch, de la crise financière et des magasins de Oxford street qui, pour attirer des clients de plus en plus récalcitrants, tentaient de les appâter à coup de promotions et en ouvrant leurs portes dès 7h du matin ! « C’est vrai, maintenant, quand ils voient un client, les boutiquiers sont ravis et redoublent de prévenances » s’est-elle exclamée. Soudain, elle a pris une de ses chaussures dans la main pour me la montrer : « Les vendeuses étaient ravies ! J’en ai acheté trois paires ! » J’ai regardé la chaussure qu’elle m’agitait sous le nez : un ravissant modèle hors de prix de chez Christian Louboutin, un dernier cri, reconnaissable à sa semelle écarlate et à ses talons aiguilles pyramidaux...
samedi 29 novembre 2008
Des bricoles
En déambulant dans les travées de mon supermarché favori, j’ai imaginé qu’il pourrait aussi me concocter de petits plats, variés et équilibrés, dont les recettes seraient piochées dans toutes les cuisines du monde. Il y aurait des boutons où les plats préférés auraient été programmés : la touche couscous, celle de l’agneau aux épinards à l’indienne, et celle des nouilles à la singapourienne seraient usées. Il serait de connivence avec mon frigo, et celui-ci serait branché sur internet. On me livrerait les courses directement. J’aurais réglé le budget pour que ces deux compères gourmets ne me ruinent pas à mon insu!
Si toutes ces tâches me reviennent c’est qu’en anglais bricolage se dit D.I.Y (do it yourself). Je trouverais peut-être mon bricoleur de génie au Japon ? Qui sait ?
vendredi 28 novembre 2008
J’ai dû semer de l’hémérocalle un peu partout
jeudi 27 novembre 2008
Le Monde des Livres 3/3
Seize ans ! le bel âge pour Vladimir Pétrovitch. Zinaïda en a vingt et un. Elle prend plaisir à l'appeler monsieur Voldémar. Il porte encore veste courte col rabattu : un enfant amoureux de la jeune princesse pour l'avoir vue par-dessus la palissade de son domaine. Premier amour, premiers tourments. Tour à tour, il connaît la tristesse, l'exaltation subite, l'allégresse trouble, l'espoir et la crainte selon l'humeur de Zinaïda. D'abord insouciante, coquette, la jeune fille devient froide, mystérieuse. Vladimir songe à un rival secret. Il s'étonne de la voir caracoler à cheval avec son père et d'étranges soupçons l'envahissent. Mais comment s'y arrêter.. L'amour est aveugle et Vladimir inconscient du drame qui se joue à ses côtés.
J’ai continué avec Ravage de Barjavel
De l'autre côté de la Seine une coulée de quintessence enflammée atteint, dans les sous-sols de la caserne de Chaillot, ancien Trocadéro, le dépôt de munitions et le laboratoire de recherches des poudres. Une formidable explosion entrouvre la colline. Des pans de murs, des colonnes, des rochers, des tonnes de débris montent au-dessus du fleuve, retombent sur la foule agenouillée qui râle son adoration et sa peur, fendent les crânes, arrachent les membres, brisent les os. Un énorme bloc de terre et de ciment aplatit d'un seul coup la moitié des fidèles de la paroisse du Gros-Caillou. En haut de la Tour, un jet de flammes arrache l'ostensoir des mains du prêtre épouvanté.
et L’Assommoir de Zola
De ces trois livres c’est le Zola que j’avais le plus aimé, peut-être parce que je voyais beaucoup de misère autour de moi. Le Barjavel m’avait épouvantée (ça ne m’étonne pas en en lisant le résumé...) et le Tourgueniev laissée indifférente, mais je pense que c’est lui, le premier vrai livre que j’ai lu de ma vie. Je me souviens aussi de ma surprise que mes parents aient tous les livres recommandés par le prof, qu’ils les avaient tous lus, et beaucoup beaucoup d’autres encore. C’était parti...
Voilà, pour la énième fois j’ai mis de l’ordre dans ce qui me tient de bibliothèque. J’ai mis à portée de main, Crime et Châtiment de Dostoïevski. Non pour m’en débarrasser, bien sûr, mais pour le lire !
mercredi 26 novembre 2008
Le Monde des Livres 2/3
La Grande Mademoiselle, Alma Mahler-Werfel (son extraordinaire journal), Benoîte Groult, Marie Cardinal, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir et Edith Wharton manquent de s’écrouler sur Cicéron, Suétone, Pline le Jeune et Martial.
Baudelaire, Rimbaud, Federico García Lorca et Joseph Brodsky, reposent de tout leur poids sur les oeuvres complètes de Molière, La Bruyère et Rabelais.
Laurence Sterne (Tristram Shandy) et D.H. Lawrence (The Plumed Serpent), Lord Byron, Samuel Richardson (Clarissa), John Fante, Shakespeare et Walt Whitman, jouent des coudes avec Voltaire, Diderot et Beaumarchais.
Tolstoï et Dostoïevski (que j’ai régulièrement envie de relire) écrasent de leurs poids conjugués Umberto Eco (des essais, pas ses romans) et Juan Goytisolo.
Jorge Semprún et Jean-Christophe Petitfils (Louis XIII, XIV et XVI) aplatissent Roland Barthes et Philippe Sollers (1 seulement).
Il y a aussi deux ouvrages dont le petit format n’est pas pratique à caser : La Bible (témoin d’une option d’histoire à la fac) et un Missel qui me vient de ma grand-mère.