vendredi 12 décembre 2008

Voeux pieux

Des boules, des guirlandes ou des arbres de Noël avec des piles de cadeaux à leur pied; des rênes au nez rouge, le Père Noël avec ou sans hotte, ou des lutins aux longues oreilles qui l’aident dans sa lourde tâche ; des cheminées rougeoyantes devant lesquelles des bas de laine regorgeant de friandises pendent ; des paysages blancs, des sapins croulant sous la neige ou des ours polaires ; des légions d’anges, la crèche au grand complet, des rois mages aux bras chargés de présents le nez levé vers une étoile filante ou des vitraux; le Christmas cake richement décoré, les Christmas crackers et leurs blagues éculées ou en étouffe chrétien le sombre pudding flambé ; des dindes en goguette ou farcies avec leur garniture de navets au miel, choux de Bruxelles indigestes et confiture de cranneberges ...
Dessins originaux plus ou moins modernes ou reproductions de tableaux de maître, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Pendant de nombreuses années j’ai moi aussi sacrifié à la tradition de laisser des cartes de voeux dans les casiers de tous mes collègues - même ceux avec qui je n’avais pas échangé deux mots de toute l’année, d’en donner à ma bouchère et à tous les commerçants que je fréquentais et, pour couronner le tout, à tous ceux qui m’en donnaient. Et puis, ces dernières années, le flux s’est ralenti et s’est tari carrément l’an dernier puisque déjà je n’avais pas passé Noël à Londres – je préfère succomber aux cartes japonaises du Nouvel An à la beauté inégalable !
C’est joli de décorer sa maison de cartes de voeux, celles que les étudiants vous donnent pleines de gentils messages qui vont droit au coeur et vous encourage, celles des amis qui pensent vraiment à vous et vous envoient vraiment tous leurs voeux, et celles de gens que vous avez perdus de vue depuis des lustres et qui vous ont gardés dans leur répertoire...
Je veux des voeux sincères, des voeux qui viennent du fond du coeur... je ne veux plus de cartes que l’on a achetées par paquet de douze, sur lesquelles votre nom a été écrit à la va-vite, et où l’on vous souhaite les mêmes voeux qu’à la marchande de steaks bio du coin !
Hier j’en ai reçu une ornée d'une colombe de la paix. Avant d’en lire le message à l’intérieur, je me suis bercée dans la douce illusion qu’il balaye avec légèreté et humour ces derniers mois difficiles entre nous... Au contraire, ce message m’a glacée : mon prénom, sec, qui claque, même pas un simple « bises » à la suite de deux phrases sous les habituels voeux déjà imprimés - puisqu’il faut bien une touche personnelle - dont celle-ci : « Reviens-nous en pleine forme ». Qui se cache sous ce « nous » mystérieux ? Il me laisse bien rêveuse. Et c’est si commode de me croire en mauvaise forme pour expliquer le fait que nous ne soyons plus sur la même longueur d’ondes, n’est-ce pas ? Mais je suis au comble de la forme ! Il est grand temps que je prenne le large... Vive les vacances de Noël!

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