[Les Temples d’Ise au Japon] se dressent dans une vaste forêt sacrée... Les troncs de ses pins sont si gigantesques et leur feuillage est si épais, qu’on y avance en plein jour dans une semi-ténèbre sous-marine, percée, si le temps est beau, par quelques flèches de lumière... C’est, à l’autre bout du monde, le nemus, le bois ou la forêt sacrée des Latins.
Marc Fumaroli
La fidélité à soi-même dans la modernité : l’exemple du Japon (ici)
Entendue la veille de mon départ, à coup de lettres de Sénèque et d'extraits des Métamorphoses d’Ovide, cette conférence sur « l’océan végétal d’Ise » m’avait donné envie de connaître les vestiges du nemus près de la ville de Ariccia en Italie, qui a le nom de la nymphe Aricie. Mais bon, je partais dans l’autre direction, pour Buxton, où la pauvre reine d’Ecosse, cousine et prisonnière d’Elizabeth I, venait prendre les eaux sous la haute surveillance du comte de Shrewsbury, le mari de la célèbre Bess of Hardwick dont j'ai entendu parler pour la première fois, à ma grande honte, en arrivant dans la ville. Buxton s’écrivait Buckestones (bowing stones ou pierres penchées) dans le passé, mais les Romains l’avaient baptisée Aquae Arnemetiae et c’était une ville d’eau célèbre pendant tout le temps de leur occupation de la Grande-Bretagne (43-410).
Aquae Arnemetiae cela veut dire Les Eaux de Arnementia. Arnementia ou la déesse du bois sacré. Bien avant la conquête romaine, l’endroit s’appelait du nom celte de Nemeton... de nemus, le bois sacré où se trouvait le temple de la déesse! Alors comme ça, même très loin de Ariccia, je me trouvais dans un (ancien) bois sacré. Une belle coïncidence je trouve !En guise de déesse, je n'ai vu que les anges géants de l’opéra.
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