Suis ton plan, cher Lucilius ; reprends possession de toi-même : le temps qui jusqu’ici t’était ravi, ou dérobé, ou que tu laissais perdre, recueille et ménage-le. Il est des heures qu’on nous enlève par force, d’autres par surprise, d’autres coulent de nos mains. Or la plus honteuse perte est celle qui vient de négligence ; et, si tu y prends garde, la plus grande part de la vie se passe à mal faire, une grande à ne rien faire, le tout à faire autre chose que ce qu’on devrait. Persiste donc, ami, à faire ce que tu me mandes : sois complètement maître de toutes tes heures. Tandis qu’on l’ajourne, la vie passe. Cher Lucilius, tout le reste est d’emprunt, le temps seul est notre bien. C’est la seule chose, fugitive et glissante, dont la nature nous livre la propriété ; et nous en dépossède qui veut. Mais telle est la folie humaine : le don le plus mince et le plus futile, dont la perte au moins se répare, on veut bien se croire obligé pour l’avoir obtenu ; et nul ne se juge redevable du temps qu’on lui donne, de ce seul trésor que la meilleure volonté ne peut rendre.
Lettres à Lucilius de Sénèque
Il y a eu un grand coup de vent dans les arbres, et la chaussée s’est couverte de feuilles mortes. J’ai essayé de me persuader que c’étaient des feuilles de l’année dernière, d’avant le printemps, des récalcitrantes... Mais il faut me rendre à l’évidence. Je n’ai pas la berlue : l’automne est en marche... Bientôt une nouvelle fraîcheur va se remarquer dans l’air et sans regarder le calendrier on saura, en frissonnant, que nous sommes en septembre. Maintenant il va falloir se boucher les oreilles à tous les commentaires ronchons de ceux qui regretteront l’été et maugréeront contre la rentrée!
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