La veille du départ, j’avais noté dans mon carnet la phrase suivante : « Apollon attend dans son sanctuaire qu’on vienne le questionner ». Le train a ralenti. Un arbre solitaire m’a fait penser à Kiarostami, à ses poèmes, à ses photos, à l’expo du mois de juin, autant dire une éternité. Des maisons lointaines, dans le flou de la vitesse, semblaient tout droit sortir d’une gravure de la Renaissance, celle où l’on voit le tout nouveau Globe de Shakespeare, sur la rive gauche de la Tamise.
Je n’allais pas à Delphes, mais j’ai quand même passé une grande partie de mon voyage à me demander quelle question j’aurais bien pu poser au « dieu chemineau » enfin installé.Peut-être ne devrais-je jamais franchir mon seuil, et me lancer sur la route, sans emporter un livre avec moi ? Car plus je filais vers le nord sous une pluie battante, plus j’imaginais des pèlerins sur un chemin grec poussiéreux, avec des chèvres sur le bas-côté parmi les oliviers, un morceau de fromage dans leur musette... Soudain, changement de bobine et de rêverie. La veille j'avais aussi noté la phrase suivante: « Voici la porte de la maison de l’amant que Marguerite Duras n’a jamais pu dépasser. » Encore une affaire de seuil, encore une phrase aussi oblique que les oracles d'Apollon.
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