To have some accounts of my thoughts, manners, acquaintance and actions (...) , is the reason which induces me to keep a Journal: a Journal in which I must confess my every thought, must open my whole Heart! But a thing of this kind ought to be addressed to somebody – I must imagine myself to be talking – talking to the most intimate of friends (...). To whom then must I dedicate my wonderful, surprising and interesting adventures?
– Nobody!
To Nobody, then, will I write my Journal! since To Nobody can I be wholly unreserved – to Nobody can I reveal every thought, every wish of my Heart, with the most unlimited confidence, the most unremitting sincerity to the end of my Life!
Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
samedi 31 mai 2008
Géographie personnelle
vendredi 30 mai 2008
jeudi 29 mai 2008
La recette du cake d’amour amélioré
Des morceaux de pêches de longue vie qui ne mûrissent que tous les 3000 ou 9000 ans dans le palais de Xiwangmu sur le Mont Kunlun, en prenant garde que le gourmand macaque Sun Wukong ne viennent me les dérober au nez et à la barbe !
Des poires de Genpo, si savoureuses qu’elles ne poussent que dans les jardins de l’Empereur de Jade.
Une fois sorti du four, Je l’ai décoré de lychees, en ayant une pensée pour Yang Guifei – dont c’était le fruit préféré - et à l’amour éternel que lui vouait Xuanzong, le 6e Empereur des Tang, immortalisé par une célèbre ballade de Bai Juyi. C’est plus efficace que de mettre un anneau de pacotille dans la pâte !
Avant de le servir, j’ai orné mon plat de quartiers de mandarines de Nanrei, fruits délicats que l’on ne trouve que dans les régions montagneuses de la Chine méridionale.
Ce n’est pas à la portée de toutes les bourses, il faut aussi beaucoup voyager, mais si vous rassemblez tous les ingrédients, ce qui vous prendra entre 1 an et 2 ans, la préparation se fait en 10 minutes. Mais en amour on ne compte pas... Sheng ri kuai le Jia Zhang Ke! Bon anniversaire !
mercredi 28 mai 2008
Une chambre à soi
A woman must have money and a room of her own if she is to write fiction.
Virginia Woolf
Ça promet !
— Toute parole tombée des lèvres de la logique mérite d’être noté, dit la tortue. Soyez donc assez bon pour l’écrire sur votre carnet. Nous dirons: E. Si A, B, C et D sont vrais, Z est nécessairement vrai. Tant que je n’ai pas admis cette proposition, il est bien entendu, n’est-ce pas? que je ne suis pas obligée d’admettre Z? Vous voyez donc bien qu’il s’agît là d’une étape nécessaire?— Je vois », dit Achille.
Achille et la Tortue, Lewis Carroll (1894)
Je voudrais préserver indéfiniment ma sensibilité d’enfant. Aussi mature, aussi riche que je devienne, je veux rester intègre, fidèle à moi-même, à ma vérité.
mardi 27 mai 2008
Félin pour l’autre
Les Carnets de Joann Sfar : Croisette (2008)
Il faisait un vrai temps de chien. La pelouse du jardin était détrempée et livrée aux escargots. Pourquoi patauger dans la boue quand on peut rester en boule, peinard, sur un canapé douillet ? Je sombrais dans une langoureuse torpeur quand, soudain, une bourrasque m’a emporté comme si la déesse Kannon-aux-mille-bras elle-même s’était mis en tête de me tripoter sous toutes les coutures dans un crépitement de lumières qui m’éblouissaient... Je fais mon boulot de chat, je ronronne, je mordille, je me mets sur le ventre, je lance un de ces regards énigmatiques dont j’ai le secret... la routine, quoi ! Quel cabotin je fais ! Quand elle s’est éloignée j’ai repris mon rêve où je l’avais laissé : je me prélasse dans un temple japonais. A intervalles réguliers on m’apporte, dans une écuelle exquise, une collation de crevettes bien roses et bien dodues, que nul ne s’amuse à me retirer pour le méchant plaisir de m’entendre grogner... Des bouffées d’encens odorant voyagent jusqu’à mon museau, et si vous aviez l’oreille aussi fine que la mienne, vous distingueriez des ronronnements de bien-être derrière les chuchotis des moinillons en prière... Ainsi va mon rêve... Moi, Léo, chat pomponné, dorloté et chéri, dans la maison redevenue silencieuse, je somnole en m’imaginant être le chat de Sōseki qui se présentait ainsi : « Je suis un chat. Je n'ai pas encore de nom. Je n'ai aucune idée du lieu où je suis né » Le Nirvana !
Memorabilia
L’explorateur Jehan de Mandeville, seigneur des champs, en arrivant en Chine, a-t-il demandé ingénument à un de ses hôtes « sont-ce des pâtes ? » et s’est-il entendu répondre « naan, des champignons ! » ?
« Les Russes étaient-ils invités à Versailles ? »
« Veux-tu photographier ma chambre, le plafond en est étoilé ?»
« Tu veux une cuillère en chocolat achetée à Istamboul ? »
« Tu veux aller voir Springsteen le week-end prochain au stade de Arsenal ? »
« Qui a eu la Palme ? »
« Tu as été sur mon blog ? »
Aux dires d’une photographe de profession, les amoureux des chats considèrent tous que leur animal est la merveille des merveilles. Comme si leur regard s’était fermé aux autres chats, précise-t-elle. Elle aussi adore les chats, mais comme elle a conscience de ce travers, elle ne prend en photo que les chats que personne n’aime, les chats errants sans beauté.
Le chat qui venait du ciel, Hiraide Takashi, Picquier (2006)
lundi 26 mai 2008
Bonté Divine!
samedi 24 mai 2008
Les films qui passent, par Victorine Paté-Gomont
« What a bigue turnippe ! » Ce franglais approximatif m’évite le chapelet de jurons qui me vint aux lèvres au sortir de la projection de ce film affligeant et poussif. Il y a des séances de cinéma qui vous font vraiment perdre votre temps et votre sang-froid. Pourtant pourtant pourtant... ce film peut se glorifier d’une séquence qui pourrait en racheter le tout, un clin d’oeil peut-être involontaire, un hommage de Spielberg à son plus glorieux aîné: la visite dans un cimetière et l’attaque-surprise de petits diables, qui plongent dans un trou pour en rejaillir l’instant suivant, et cela inlassablement, semble tout droit sortir d’une féérie à la Georges Méliès, « Sorcellerie culinaire » (1904), entre autre... Je déjeune avec Spielberg demain, je lui poserai la question.
Zuihitsu présente sa “Madame Cinéma” maison: Victorine Paté-Gomont
Kiri no Rondon
Mais, en ouvrant mon livre, loin du dépaysement que j’en espérais, le conte qui se présentait à mes yeux s’intitulait « Brouillard ». Il se proposait de m’engloutir dans une de ces légendaires purées de pois, qu’en vingt ans de séjour j’avais eu l’heur de ne pas connaître ! L’écrivain japonais, qui a vécu deux ans à Londres, évoque avec force et poésie un trajet dans un autobus à impériale se frayant un chemin à travers une « grisaille lugubre », un « océan de brume ». Résignée, je lui emboîte le pas dans les ruelles sinistres de ce Londres 1900, je hume « l’air couleur de cendre », des passants cherchant désespérément un chemin à tâtons, me heurtent, des chevaux effrayés hennissent...
En levant le nez de ce récit haletant, alors que le bus approche de ma destination, je m’aperçois que le soleil perce vaillamment aux travers des nuages et que les parapluies ont rejoint le fond des sacs. Adieu « ombre profonde », « univers sans couleur » et ciel « couleur charbon dilué », adieu, je vous abandonne sans regret. Cette ville s’ouvre à un soleil pur et vaporeux , et je m’y coule le coeur léger !
Le prochain conte dans ce léger volume s’intitule « Le kakémono »...