Aussi comme, de ma fenêtre, je vois des spectres nouveaux roulant à travers l'épaisse et éternelle fumée de charbon, - notre ombre des bois, notre nuit d'été ! - des Erinnyes nouvelles, devant mon cottage qui est ma patrie et tout mon cœur puisque tout ici ressemble à ceci, - la Mort sans pleurs, notre active fille et servante, et un Amour désespéré, et un joli Crime piaulant dans la boue de la rue.
Rimbaud à Londres , Illuminations, 1875
Dès le réveil, un ciel bas et lourd et d’agaçantes gouttelettes de pluie laissaient présager une journée gris souris et humide. Mais mes indolents compagnons de voyage, en bons Londoniens qui se respectent, faisaient fi de la météo et de ses infinis caprices. Quant à moi, mieux valait me plonger dans la lecture des « Petits contes de printemps » de Sōseki histoire de ne plus songer à la chaude journée de la veille, aux rues de Bloomsbury baignées de soleil, aux fenêtres ouvertes sur le square où de petits groupes d’étudiants se remontaient le moral entre deux examens.
Mais, en ouvrant mon livre, loin du dépaysement que j’en espérais, le conte qui se présentait à mes yeux s’intitulait « Brouillard ». Il se proposait de m’engloutir dans une de ces légendaires purées de pois, qu’en vingt ans de séjour j’avais eu l’heur de ne pas connaître ! L’écrivain japonais, qui a vécu deux ans à Londres, évoque avec force et poésie un trajet dans un autobus à impériale se frayant un chemin à travers une « grisaille lugubre », un « océan de brume ». Résignée, je lui emboîte le pas dans les ruelles sinistres de ce Londres 1900, je hume « l’air couleur de cendre », des passants cherchant désespérément un chemin à tâtons, me heurtent, des chevaux effrayés hennissent...
En levant le nez de ce récit haletant, alors que le bus approche de ma destination, je m’aperçois que le soleil perce vaillamment aux travers des nuages et que les parapluies ont rejoint le fond des sacs. Adieu « ombre profonde », « univers sans couleur » et ciel « couleur charbon dilué », adieu, je vous abandonne sans regret. Cette ville s’ouvre à un soleil pur et vaporeux , et je m’y coule le coeur léger !
Le prochain conte dans ce léger volume s’intitule « Le kakémono »...
Mais, en ouvrant mon livre, loin du dépaysement que j’en espérais, le conte qui se présentait à mes yeux s’intitulait « Brouillard ». Il se proposait de m’engloutir dans une de ces légendaires purées de pois, qu’en vingt ans de séjour j’avais eu l’heur de ne pas connaître ! L’écrivain japonais, qui a vécu deux ans à Londres, évoque avec force et poésie un trajet dans un autobus à impériale se frayant un chemin à travers une « grisaille lugubre », un « océan de brume ». Résignée, je lui emboîte le pas dans les ruelles sinistres de ce Londres 1900, je hume « l’air couleur de cendre », des passants cherchant désespérément un chemin à tâtons, me heurtent, des chevaux effrayés hennissent...
En levant le nez de ce récit haletant, alors que le bus approche de ma destination, je m’aperçois que le soleil perce vaillamment aux travers des nuages et que les parapluies ont rejoint le fond des sacs. Adieu « ombre profonde », « univers sans couleur » et ciel « couleur charbon dilué », adieu, je vous abandonne sans regret. Cette ville s’ouvre à un soleil pur et vaporeux , et je m’y coule le coeur léger !
Le prochain conte dans ce léger volume s’intitule « Le kakémono »...
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