vendredi 31 octobre 2008

Neige en octobre...

Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai vu de la neige fin octobre.


jeudi 30 octobre 2008

mercredi 29 octobre 2008

Emportée par la foule

J’aime bien le rapprochement entre Nell Gwynn et Edith Piaf. L’enseigne menant à la petite allée où se trouve le pub qui porte le nom de la célèbre actrice du XVIIe siècle, maîtresse de Charles II, n’a plus d’effigie. Les deux hommes qui se tiennent à l’entrée de cette très sombre ruelle du Strand, et qui boivent une bière au chaud soleil d’automne, indiquent la présence de cet estaminet.
On s'amuse comme on peut...

mardi 28 octobre 2008

L’eau à la bouche

Dans la période dite des sandwichs infâmes et des repas frugaux, il est bon de se remémorer les douceurs chinoises de la semaine dernière...

lundi 27 octobre 2008

Chantier à gorge déployée

Sur un tas d'ordure
La grue se pose
A Waka no Ura
Kobayashi Issa (1763-1827)
Londres est un vaste chantier en ce moment. Son ciel est hérissé de grues, ses rues éventrées et les canalisations exposées à ciel ouvert.
Ci-dessus par exemple s’élevait, il n’y a guère longtemps, le Swiss Centre, dans un coin de Leicester sq. Les touristes avaient l’habitude de se réunir devant sa façade pour en admirer l’horloge et ses petits personnages animés. Les Londoniens auraient reconnu à mille lieux à la ronde son carillon égrenant les chansons des Beatles. Quand je suis arrivée à Londres, on y mangeait des fondues et autres spécialités suisses et nous y avions fêté une fin d’année avec mes premiers étudiants. Et puis c’est devenu un club et aujourd’hui c’est un grand trou. J’espère seulement qu’on y construira des bâtiments à échelle humaine.

Nos vies sont des chantiers permanents, il faut sans cesse se réinventer, s’améliorer, s’adapter au temps qui passe. Si je devais effectuer « One New Change » dans ma vie, quel serait-il ? J’ai bien cherché, mais je n’ai rien trouvé. A la place, j’ai pensé à la nouvelle d’Haruki Murakami intitulée « Le jour de ses 20 ans » dans laquelle un vieil homme, propriétaire d’un restaurant italien chic de Roppongi, propose à une jeune serveuse en guise d’anniversaire, d’exaucer un voeu, quel qu’il soit. Plusieurs années plus tard elle raconte cette aventure au narrateur :
« Dis-moi. Si tu avais été à ma place, quel aurait été ton voeu ? (...)
- Je ne sais pas. (...)
- Alors, tu n’as pas un seul voeu à formuler ?
- Non, pas un seul.
- C’est parce que tu l’as déjà réalisé.»

Je suis dans cet état d’esprit aujourd’hui parce qu’il fait beau, que j’ai une journée entière à moi dans mon cocon, que je vais préparer mon séjour à Kyoto, et que je suis à jour et même à l’avance dans mon travail !

En observant cette affiche trouvée sur la palissade de l’espace surprotégé d’un chantier dans la City, j’ai pensé qu’il faudrait recouvrir tous les murs de la ville avec exactement son inverse !

dimanche 26 octobre 2008

Puisque c’était lui, puisque c’était moi

A ce moment-là, dzz-dzz, le vent se mit à souffler très fort ; dans la classe, les vitres des portes tintèrent ; derrière l’école, les châtaigniers et les chaumes de la montagne, toutes les plantes oscillèrent et prirent une étrange pâleur ; l’enfant dans la salle de classe eut comme un petit rire et parut remuer légèrement. De suite, Kasuke s’écria : « Ah ! J’ai compris ! Le nouveau, c’est Matasaburô, le Vent ! »
Matasaburo, le Fils du Vent de Kenji Miyazawa
Ces demoiselles butaient sur la traduction de : « Se transformer en Robinson Crusoë du XXIe siècle, c’est possible. Le naufrage en moins ». Outre le vocabulaire, c’est Robinson Crusoë qui les laissait perplexes. Qui cela pouvait-il bien être ? Et quel était le lien entre ce personnage au nom bizarre et un naufrage ? La mort dans l’âme, j’ai fini par évoquer Tom Hanks dans Castaway et quelqu’un a dit : « Ah, oui ! Forrest Gump ! » Et puis, brusquement, la classe se transforma en volière : tout en avançant dans la traduction, elles se demandaient leur âge d’un bout à l’autre de la salle. L’une d’entre elles avoua 21 ans – elle en faisait 16 se récrièrent ses camarades émerveillées. On la complimenta derechef sur son aspect juvénile et sa peau de pêche. Circulant de groupe en groupe, je réprimais mon envie de rire. C’était un brouhaha joyeux, plein d’énergie, studieux, comme je les aime et que je contrôlais. « Madame, Madame, on peut vous appeler Agnès ? » Jetant mon Bégaudeau aux orties, j’ai dit que oui, au contraire.
Après le cours, je suis allée prendre un thé. Le ciel était noir et le vent à décorner les boeufs. En l’espace de deux heures, je n’entendrais parler que de nerfs qui craquent, d’arrêts maladie, de stress, de tension, de démission et d’envie de tout envoyer balader. Il me restait encore 3h de cours, entre Un Coeur simple de Gustave Flaubert, Louis de Funès dans L’Aile ou la cuisse pour illustrer une discussion sur le bio, et moultes expressions idiomatiques telles que « être chocolat » et « faire chou blanc ».
Tandis qu’en début d’après-midi je me débattais avec Robinson Crusoë, 23h sonnaient chez lui. Je le voyais arriver au cinéma Toho de Roppongi Hills pour la soirée spéciale Kiyoshi Kurosawa en présence du réalisateur qui discuterait de ses nouveaux projets. Jusqu’à 7h du matin, salle 7, il verrait l’histoire de Saburô Takada, un petit citadin qui échoue dans un village perdu et qu’on prend pour le génie du Vent. Puis l’histoire d’un inconnu (Tadanobu Asano) allant de ville en ville pour y disséminer l’amour, et celle de Miyashita qui veut se venger de la mort de sa fille, et puis encore celle de l’inspecteur de police Yabuike, qui après une prise d'otage ratée s’exile dans une forêt où se trouve un arbre maléfique.
Je pourrais m’affliger de ce décalage, mais au contraire je m’en félicite et je trouve que le monde est bien fait. Savoir qu’une autre vie est possible et que certains connaissent des moments et des expériences hors de ma portée dont une seule seconde me comblerait : c’est là que je puise toute mon énergie.

vendredi 24 octobre 2008

Dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde (Baudelaire)

Je regardais par la fenêtre quand soudain une flottille de bombardiers a obscurcit le ciel. Ils passaient au-dessus de la maison, et l’un d’entre eux s’en est tant rapproché qu’il a touché le toit. La maison s’est mise à se déplacer, comme une roulotte. Il y avait des gens dans les rues qui regardaient la maison passer. Moi je m’égosillais : « Arrêtez ! Arrêtez ! » La maison s’est enfin immobilisée, bien loin de sa base. La propriétaire m’a dit : « Le temps de sa reconstruction vous pourrez partager un appartement avec 2 autres personnes » A ces mots, je me suis effondrée, et me laissant glisser au sol, je me suis mise à sangloter : « Ce n’est pas possible, je n’en peux plus ! » J’étais bien contente de me réveiller ! Il est encore obscur mais je commence à comprendre le sens de ce cauchemar...

jeudi 23 octobre 2008

« Daniel c’est le plus beau ! »

Je viens de voir Protégé de Derek Yee (2006), un film avec Andy Lau (génial, fidèle à lui-même), Louis Khoo (jouant un junkie aux dents noires et au rire niais... dommage) et surtout Daniel Wu, la star chinoise montante qui jouait Hamlet dans Le Banquet de Feng Xiaogang. Grâce à ce film, et alors que je ne demandais rien, le triangle d’or de la drogue n’a plus de secrets pour moi. L’arrivée du beau Daniel, les muscles luisants, la chemise à peine froissée, à dos d’éléphant et dégustant une soupe aux nouilles en pleine jungle à la table d’un baron de la drogue armé jusqu’aux dents vaut le détour. Quitte à faire hurler certains cinéphiles qui s’égareraient sur ce blog, j’avoue que rien ne vaut les commentaires que J. et moi échangeons sur les films de Hong Kong, une passion commune depuis que la chute d’Antony Wong dans Infernal Affairs nous avait fait hurler à l’unisson dans un cinéma de Soho. J’ai hâte d’être demain pour comparer nos Wu sur le sujet autour d’un repas chinois aussi pantagruélique que raffiné!

mercredi 22 octobre 2008

Mais où va-t-il chercher tout ça ?

Jamais je n’ai aussi vite descendu Regent street qu’hier soir après mon dernier cours ! A 17h30, en regardant ma montre, je m’étais dit : « Dans une heure tu seras devant le film de Kitano », et c’est là que des ailes se sont mises à me pousser. Juste avant, nous faisions de la grammaire, et j’écrivais l’explication du futur antérieur au tableau quand j’ai soudain pensé : « Tu fais ton François Bégaudeau ». Après ça, tout ce que je disais me semblait sortir d’ Entre les murs, et je n’ai pas vu le cours passer. C’était un cours très joyeux.
En arrivant au cinéma, j’ai vu des barrières, un tapis rouge et j’ai imaginé monts et merveilles. Mais ils n’en ont cure de Kitano, à l’Odeon West End ! Malgré les envolées lyriques de leurs affiches , tout ce dispositif n’est là que pour les starlettes de la télé et les sempiternels people venus assister au film dans l’autre salle.
Achille et la tortue est génial (j’ai l’impression de me répéter, mais tous les films vus ces dernières semaines correspondent à mes goûts à 100%). Il s’agit en gros de la vie d’un peintre raté. J’ai hâte que le film sorte en DVD pour observer les détails de ces tableaux que Kitano a peints lui-même (on en voyait déjà des échantillons dans Hana-Bi) et qui sont beaux et si drôles ! Je rigole encore en pensant au peintre et à sa femme peignant des fresques à la Basquiat sur les rideaux de fer des magasins la nuit et se faisant prendre la main dans le sac. C’est plein de gags, mais aussi de moments très tendres et doux.
J’ai une longue réunion cet après-midi... alors pour l’égayer, vais-je penser à ces conseils de profs dépeints dans Entre les murs ou aux gros poulets à une patte, obsession picturale du petit Machisu ? Le choix est vite fait!

mardi 21 octobre 2008

Dans un fauteuil


Hier, à l’heure où soufflait la tempête, c’était bon d’aller payer son écot au cinéma en allant à l’Odeon West End, sur Leicester square, au London Film Festival. J’y ai vu tout d’abord Entre les murs de Laurent Cantet, tiré du roman de François Bégaudeau. J’ai adoré ce film. Après Les Plages d’Agnès, l’autoportrait de Varda samedi et avant celui de ce soir - Achille et la tortue - de Takeshi Kitano, c’était amusant que le prof du film demande à ses élèves de faire leur autoportrait, de voir leurs réactions, et d’y reconnaître celles de mes propres étudiants. J’ai bien aimé que le film reste « entre les murs » et ne nous montre pas ce que le prof fait en dehors pour essayer de ne pas se départir de son calme à l’intérieur. Et peut-être ne fait-il rien, qu’il n’y pense pas, qu’il se contente de jouer son rôle de prof quand il le faut et qu’il endosse d’autres costumes à l’extérieur ? En tout cas, hier, ça me faisait plaisir de croire que l’on puisse garder sa vie de prof dans un compartiment étanche. Il faudrait pouvoir passer de l’une à l’autre sans trop d’états d’âme.
Après une petite pause à observer la pluie tomber sur les pavés londoniens au chaud dans un café, je suis retournée à l’Odeon pour 24 City de Jia Zhangke. Juste avant il y avait Cry me a River, le court-métrage que j’avais vu à la Cité du Patrimoine et de l’Architecture à Paris, il y a un mois environ et dans lequel joue le beau Guo Xiaogong. Il aurait fallu le mettre dans son contexte, et surtout donner son titre... on entendait des murmures d’incompréhension dans la salle. 24 City est magnifique et émouvant, ne serait-ce que plastiquement (évidemment car le directeur de la photographie est Yu Likwai). Jia Zhangke semble parfois rendre hommage aux Frères Lumière en filmant longuement la sortie de l’usine 420.
J’ai hâte d’être ce soir pour m’asseoir de nouveau dans un des profonds fauteuils rouges de l’Odeon et pour voir s’afficher sur l’écran l’immense K bleu de Office Kitano (la maison de production de Takeshi Kitano qui a aussi produit le film de Jia Zhangke) accompagné de la petite musique qui accélère les battements de mon coeur.

lundi 20 octobre 2008

Histoire belge

Hier soir devant le cinéma Rio de Dalston

Elle (d’une voix ingénue en montrant l’affiche de Burn After Reading de Joel et Ethan Coen) : C’est ce film qu’on va voir ?
Lui : Oui
Elle : Et ils sont Belges ?
Lui : Oui, ils sont Belges.
Elle: Et No country for old men que tu as acheté...
Lui (agacé) : Je ne l’ai pas acheté, je l’ai emprunté !
Elle : ...que tu as emprunté, c’est d’eux aussi?
Lui (professoral): Oui. Il y a les frères Dardennes qui sont américains et les frères Coen qui sont belges.

J’ai failli me retourner pour lui signaler son erreur, mais je ne l’ai pas fait. C’était d’abord plus amusant d’imaginer comment il allait ensuite justifier à sa copine le côté belge de ce film hilarant qui m’a fait pleurer de rire.
L’autre raison pour laquelle je ne lui ai pas parlé c’est que j’ai l’impression que quand on est Français ici – et peut-être cela est pareil dans d’autres parties du monde – on a l’impression d’être les seuls Français de Londres, comme dans une bulle. Peut-être cela fait partie de notre plaisir d’être à l’étranger, en tout cas pour moi. Devant ce cinéma, je comprenais toutes les conversations des gens qui m’entouraient, c’est étrange comment une conversation entre francophones me fait tendre l’oreille et me fascine : j’ai envie de m’immiscer, de comparer nos expériences et en même temps de cacher que je comprends ce qu’ils se disent, comme une espionne... mais pas comme les « morons » du film !

dimanche 19 octobre 2008

Les plages d’Agnès (C.)

Hier, il faisait un temps superbe. Avant d’aller voir Les Plages d’Agnès d’Agnès Varda au 52e London Film Festival, j’ai bien fait de me balader du côté de la cathédrale Saint Paul et de la Tate Modern. Il y a derrière la cathédrale – son célèbre dôme albâtre la surplombe - une magnifique place bordée de bâtiments modernes et anciens. On se croirait à Venise, à Florence ou dans un tableau de Chirico. Il n’y avait pas un chat. On passait ses dalles au jet d’eau. Les cafés et les restaurants se préparaient à l’assaut des clients du week-end, bien différents de ceux qui doivent s’y attabler en semaine : la City est à deux pas. Je ne me lassais pas de la regarder, d’imaginer de futurs rendez-vous dans un des nombreux cafés qui la bordent, tant et si bien que j’ai oublié de la photographier. Mais je crois qu’elle était trop parfaite, trop proportionnée, bref, trop classiquement belle pour mes talents et mes goûts photographiques. Mais j’ai aimé traverser sa plage de silence et de clarté.

Sur le Millenium Bridge, dont l’architecture reptilienne se reflètait sur l’eau grise, et au risque de le faire dangereusement vaciller, une foule se pressait vers l’expo Rothko ou continuait son chemin vers la promenade qui longe la Tamise. Ce pont me donne toujours la nostalgie du Rainbow Bridge à Tokyo.

Certains solitaires se promenaient sur la grève. Ils fouillaient parmi les cailloux et les débris que le fleuve avait rejetés. On se penchait pour les observer en y allant de nos commentaires perplexes ou amusés.

Au fur et à mesure que je marchais, je repensais aux belles plages marocaines ou espagnoles de mon enfance, et à celles futures de Kamakura et d'Enoshima.

Malheureusement on ne trouve ni sable blond ni parasols au pied du Waterloo Bridge, mais les cailloux et l'eau y dessinent parfois d’intéressants tableaux éphémères. On croirait voir le delta du Nil ou les lignes d’une main. Il suffit d'un peu d'imagination...

Agnès Varda, en arrivant sur la scène du NFT pour présenter son merveilleux film, a dit qu’elle se prenait pour un fantôme et que peut-être elle n’était pas là devant nous. En se basant sur cette photo – celle qu’il ne fallait pas rater ! - elle ne croyait pas si bien dire ! Elle ajoute même dans Les Plages d’Agnès qu’elle aime le flou et les reflets. Ça me met du baume au coeur.

Mais non, la photo ci-dessus n’est pas râtée, c’est seulement que je suis influencée par l’expo Rothko à la Tate Modern ! Le film est un autoportrait magnifique: tendre, inventif, fantasque... Il nous maintient sans cesse entre les rires et les larmes. L’installation aux miroirs sur la plage est géniale. C’est un film d’amour et Agnès V. sait bien aimer les gens qu’elle aime. Mais sur la scène elle semblait agacée, impatiente, un peu trop sèche. En écoutant d’une oreille distraite les questions alambiquées, elle songeait peut-être : « Mon film est si clair et léger, pourquoi dois-je m’en expliquer, il devrait suffire ! » En quittant la salle nous l’avons croisée. « Elle est minuscule » ai-je fait remarquer avant de m’apercevoir que nous avions la même taille...

Dehors le soir tombait. On venait d’entendre le prénom d’Agnès si souvent, prononcé avec tant de respect et d’amour, que cela avait déteint sur moi. Je découvrais ses sonorités et qu’il forçait ceux qui le prononçaient à une drôle de gymnastique.

J'aime les berges de la Tamise à la nuit tombée.


Mais j’aurais bien troqué ce panorama pour celui d’Odaiba et de la baie de Tokyo.

Le South Bank Centre en profite enfin pour cacher ses bâtiments déprimants et sévères. Dans le bus du retour j’ai repensé à la phrase de Jacques Demy dans le film : « Je veux faire des films calmes... des films sur le bonheur ». Comme celui de ma journée en quelque sorte!

samedi 18 octobre 2008

Rêvons, c’est l’heure (Paul Verlaine)


La BT Tower se tient à l’emplacement de la maison qu’habitèrent Rimbaud et Verlaine en 1872. Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ce « couple infernal » quand je vois cette horrible champignon verdâtre.
Derrière la palissade se tenait, il y a encore peu, un immense et vétuste hôpital en briques rouges. Sa démolition a entièrement changé la physionomie de la rue principale et des ruelles adjacentes. Certaines façades découvrent la lumière du soleil pour la première fois depuis plus d’un siècle et demi.

La moue de Virginia Woolf en dit long sur ce qu'elle pense de cette asperge disgracieuse.
Je ne reconnais aucun de ces illustres personnages croqués sur le mur du Community Centre du quartier.


Moi, j'aimerais que la BT Tower soit une fusée sur le point de décoller pour toujours vers le firmament « que l’astre irise ».

vendredi 17 octobre 2008

Tout est relatif

Quand je suis entrée dans la salle, Katherine disait à Ron : « Je croyais que tu étais Français, ton accent est si bon ! » A ces mots, rosissant de plaisir, Ron a prononcé quelques mots... mâtinés d’un accent anglais assez prononcé. C’était vraiment charmant.
Quelques minutes plus tard, une nouvelle étudiante arrive et, comble de bonheur, elle est japonaise ! Je luis dis quelques mots de japonais, elle hésite à s’asseoir, et me demande : « c’est un cours de japonais ? » J’ai dit que non mais que je parlais japonais (sans rougir !) « Vous êtes japonaise ? » me demande-t-elle. A mon tour de rosir de plaisir... Si seulement !
Quelle classe sympathique et quelle aubaine de terminer la semaine en leur compagnie !

jeudi 16 octobre 2008

Hamster jovial

“Tu as déjà eu les oreillons?” : voilà le email qui circule parmi nous depuis que Catherine s’est réveillée avec les joues gonflées d’un hamster. Je me souviens avec précision où et quand j’ai eu les oreillons : c’était l’été et j’étais en colonie de vacances à Imouzzer du Kandar dans le Moyen Atlas au Maroc. Je me souviens des brocs d’eau en plastique qu’il y avait sur les tables aux heures du déjeuner, avec leur base orange ou rouge. Je me souviens de la valse des libellules que nous allions observer au bord de la petite rivière et de la ville d’Ifrane, toute proche, de son lion cousin de celui de la place de Denfert-Rochereau à Paris, et du château du roi, tout là-haut, caché derrière les arbres. On descendait l’hiver à l’Hôtel Perce-Neige d’Ifrane, et l’été nous pique-niquions sur les rives du lac Daiet Aoua. On pouvait y pêcher le gardon, la carpe et le brochet. Je me souviens de tout cela et de la voix qui m’explique : « tu dois rester au lit, tu as les oreillons ».

mardi 14 octobre 2008

Paperasserie

Pour être enfin assise devant elle dans ce bureau - si haut qu’il frise les nuages - il faut montrer patte blanche à plusieurs reprises. A force, j’ai l’impression de rendre visite à l’ennemi public nº1 au fin fond d’une prison.
Depuis le matin, j’ai une boule à l’estomac : je sais qu’il manque une pièce au dossier et j’espère puérilement qu’elle ne va pas s’en apercevoir... Après un dernier coup de fil devant sa porte, elle vient me chercher. Je ne comprends pas un mot de ce qu’elle me dit vu qu’elle parle entre ses dents et ne fait aucun effort pour articuler. Je ne perçois que la fin des mots : « tion » « tion » « tion ». Bien que j’aie étalé mes documents sous ses yeux elle me demande : Pourrais-je voir vos documents ? Je les regarde, étalés devant elle, mais elle les ignore et ne fait pas mine de s’en saisir. Je les pousse d’un centimètre vers elle, et c’est là qu’elle daigne les toucher. Elle n’éprouve aucune émotion devant le document manquant : elle me tend un autre document intitulé « document pour ceux qui n’ont pas le document X ». Je le remplis, soulagée, avec une folle envie de rire.

lundi 13 octobre 2008

Dimanche en vase clos

« L’Univers dans un vase » est une très ancienne légende chinoise, que Chieko connaissait. Le vase renferme un palais d’or et des tours de perles, des nectars exquis et les mets rares des monts et des mers ; le vase clos était un « autre monde » coupé de la réalité qui est nôtre, un lieu enchanté.

Kyōto de Kawabata Yasunari

J’ai regardé Un rêve algérien de Jean-Pierre LLedo. Y a-t-il quelque chose de plus émouvant que des retrouvailles quand les amis se sont perdus de vue depuis cinquante ans après avoir connu des moments terribles, combattu ensemble et été victimes des soubresauts de l’Histoire ? Vers la fin du film, Henri Alleg se rend à Oran. De la ville, la caméra filme surtout le port et la mer à perte de vue. Je me suis soudain dit que ce panorama grandiose, ma mère avait dû le contempler jeune fille. C’est peut-être de là que me vient mon amour immodéré pour cet élément.

dimanche 12 octobre 2008

Hier, dès l’aube...


Grande ville que la “Capitale”, et, pourtant,
que la couleur du feuillage y est belle!

Kyōto de Kawabata Yasunari

Ma banque d’images étant proche de la faillite à l’instar de ses consoeurs de la City, la mesure urgente de la renflouer s’imposait.
Afin de lui injecter des capitaux frais, hier samedi, sur le chemin de la fac, j’ai bien pris quelques photos.

Mais, arrivée dans les locaux, j’ai vite rangé mon appareil dans son étui, tant ils m’ont paru ceux d’une prison. Ces murs et ces plafonds, leur couleur cafardeuse, ces couloirs blafards, je n’avais aucune envie de les photographier. Ce hall gigantesque en marbre rose, datant du XIXe siècle, avec au mur les listes en lettres d’or des étudiants et des profs tombés au champ d’honneur lors des deux guerres mondiales - il évoque pour moi l’effrayant Panthéon des Rois du monastère de l’Escurial près de Madrid – j’ai eu du mal à le trouver photogénique.
Pourtant, vidé de ses étudiants et de la majorité de ses profs, cet endroit est loin d’être lugubre. Déjà, tôt le samedi matin, l’ambiance du quartier – Oxford street, l’une des rues les plus commerçantes de Londres – est différente des autres jours: des familles, des amoureux, de jeunes fashionistas, déambulent en petites grappes rongeant leur frein devant les vitrines des magasins encore fermés. Les cafés sont remplis de ces badauds que la fièvre acheteuse n’a pas encore atteints. L’atmosphère est encore bonne enfant, et quand il fait aussi beau et aussi chaud qu’hier, c’est un lieu idyllique.

La paix qui règne à l’intérieur du bâtiment, le téléphone qui oublie de sonner, l’absence de nouveaux emails, cette porte à laquelle personne ne s’avisera de frapper de la journée et que nous laissons ouverte nous permettent de travailler dur et sans l’ombre d’un stress.
Plusieurs heures plus tard, il faisait toujours aussi beau et aussi chaud, mais les rues étaient bondées. Vite vite, grimpons dans un bus, retrouvons notre quartier qui lui, de toute la journée, n’a pas perdu son petit air d’Oxford street un samedi matin à 9h !


De loin, on a l’impression que les grues sont les ciseaux d’un coiffeur qui taillent en pointe le clocher de l’église.